Au cœur des politiques publiques : la construction des grands ensembles
L’urbanisme ségrégatif des barres et des tours et la faillite de la politique de la ville ont été invoqués pour expliquer la localisation des troubles dans les quartiers d’habitat social, construits pendant les Trente Glorieuses. Revenir sur l’histoire de la constitution des banlieues populaires permet de montrer que ces territoires soit disant abandonnés ont été façonnés par un demi-siècle de politiques publiques, aujourd’hui mal comprises. Dans les années cinquante, la crise du logement est pensée comme l’impossibilité conjoncturelle dans laquelle se trouvent les familles solvables de trouver un logement hygiénique et confortable. Le choix de la construction de masse pour la résoudre s’effectue alors sans véritable débat : le lien entre construction de masse, standardisation et nécessité d’un rattrapage rapide des décennies de non construction fait consensus. Ce système mis en place dans les années 1950 se met à tourner à plein régime alors qu’il est déjà dépassé et critiqué. La généralisation des critiques à partir des années 1970 conduit au coup d’arrêt de la circulaire Guichard, politique poursuivie sous le septennat suivant avec la quête d’un « urbanisme à la française ».