Histoire d’une démarche pacifique
L’idée d’une action non-violente pour lutter contre le racisme voit le jour durant l’automne 1983 à Vénissieux, dans un contexte local tendu, marqué par des affrontements répétés entre les jeunes et la police, et des grèves de la faim contre les expulsions d’immigrés, menées entre autres par le père Christian Delorme, pour obtenir notamment des cartes de séjour.
L’appel des Minguettes. Vénissieux, ses habitants et le président
Ludivine Bantigny, in Hommes & Migrations, n° 1313, 2016, pp. 11-17
Vénissieux, été 1983. Un climat délétère pèse sur le quartier des Minguettes. Dans la nuit du 19 au 20 juin, un animateur populaire âgé de 22 ans a été grièvement blessé par un policier. C’est Toumi Djaïdja, l’un des fondateurs de l’association SOS Avenir Minguettes, créée en avril pour dénoncer le harcèlement policier. Les habitants profitent de la visibilité qui leur est offerte pour dénoncer dans les médias les conditions de vie, les discriminations et les violences arbitraires qu’ils subissent. La visite de François Mitterrand dans le quartier des Minguettes signe un virage idéologique : le traitement par la gauche de l’immigration comme un problème.
Repères de l’années 1983
in Hommes & Migrations Documents, n° 1062, 15 janvier 1984, pp. 20-21
Hommes & Migrations Documents permet de suivre le lancement de la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Il retrace en deux brèves l’amplification médiatique de cette initiative qui réunit une douzaine de marcheurs, au départ de Marseille, le 15 octobre 1983. Dès le mois de novembre 1983, la Marche, dont l’arrivée est attendue à Paris le 3 décembre, bénéficie de nombreux soutiens politiques, syndicaux et religieux.
La marche pour l’égalité des droits et contre le racisme. Une tentative de dé-monstration ?
Pierro Galloro, in Hommes & Migrations, n° 1313, 2016, pp. 19-26
En allant à pied de Marseille à Paris, les acteurs de cette marche historique ont tenté de redonner des couleurs au visage d’une France blafarde, en pleine crise économique, gagnée par les démons du racisme, enflammée par une vague d’émeutes. Démarche pacifiste, cette action visait autant à exiger la reconnaissance de la place des enfants d’immigrés au sein de la société française qu’à dénoncer les clivages et la violence qui la traversent.
Retour sur la Marche pour l’égalité et contre le racisme
Abdellali Hajjat, in Hommes & Migrations, n° 1304, 2013, pp. 151-155
La Marche pour l’égalité et contre le racisme symbolise l’apparition des enfants d’immigrés postcoloniaux dans l’espace public français. Elle s’achève le 3 décembre 1983 à Paris par un défilé réunissant plus de 100 000 personnes. Malgré le succès de la mobilisation, cette apothéose parisienne est marquée par des ambiguïtés au sein du mouvement antiraciste, qui se révèlent les années suivantes à travers sa récupération par le pouvoir politique en France.