Acquisition du collier d'Angèle Ould-Aoudia
De magnifiques bijoux kabyles, des photographies et un récit de vie constituent le don des descendants de Boudjema (Benjamin) Ould-Aoudia.
Parcours de la famille Ould Aoudia
Né vers 1887, Boudjema est berger en Kabylie près de la commune de Michelet (aujourd’hui Aïn El Hammam, wilaya de Tizi Ouzou). À la suite de sa rencontre avec les Pères Blancs, ordre religieux catholique fondé en 1868 par le cardinal Lavigerie, il apprend le français, se convertit au catholicisme en 1905 et se marie en 1907 avec une Kabyle dont la famille était déjà convertie. Face au racisme de beaucoup d’européens d’Algérie et aux difficultés d’acceptation de cette conversion par les communautés musulmanes locales, il s’installe et s’investit fortement dans la petite communauté de kabyles chrétiens qui ont fondé un village à côté d’un hôpital créé en 1893 et géré par les Sœurs Blanches, autre congrégation catholique implantée en Kabylie. Il élève ses enfants dans la religion chrétienne et aspire à une intégration dans la société française. Sa fille Angèle (Aldjia), est pensionnaire chez les sœurs en Kabylie. Seule fille de la famille, c’est à elle que sa mère, Félicité (Tassadit), lègue ses bijoux.
Benjamin (Boudjema) Ould Aoudia devient moniteur d’écoles indigènes puis accède à un poste d’oukil judiciaire, avocat dans le droit coutumier dont relevaient les Algériens qui n’étaient pas citoyens français. Après avoir passé une licence de droit à la faculté d’Alger, il devient avocat et obtient la nationalité française en 1920.
Devenu bâtonnier de Tizi-Ouzou, Benjamin Ould Aoudia milite pour une intégration juste et citoyenne des algériens dans la nation française. Il est élu en 1948 Conseiller général de la Grande Kabylie, puis délégué à l’Assemblée algérienne en 1952. Devant l’évolution de la situation politique, il démissionne de tous ses mandats en 1956, se consacrant dès lors à sa carrière professionnelle tout en confirmant son inscription dans la dynamique de l’indépendance de l’Algérie.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1934, il est élevé au grade d’officier en 1952, décoration qu’il continue à porter même après l’indépendance, quand il accepte la charge de Président de la Chambre criminelle à la Cour suprême d’Algérie en 1965.
Pendant la guerre d’Algérie, un de ses neveux est assassiné à Paris en 1959 car, avocat de membres du FLN, il dénonçait la torture subie par ses clients. En 1962, son fils ainé, inspecteur des Centres sociaux éducatifs, est assassiné par les tueurs de l’OAS dans la banlieue d’Alger.
Ses enfants ont tous travaillé en Algérie comme enseignant, fonctionnaire, avocat, infirmière, médecin et se sont mariés avec des personnes d’origine française. L’émigration définitive vers la France hexagonale de la fratrie, entre 1945 et 1980 est liée à des destinées personnelles, elle ne s’inscrit pas dans le cadre du rapatriement des Français après l’indépendance de l’Algérie.