Aide-toi, le ciel t'aidera

Le premier film de l’ère Obama, même si nous ne sommes pas aux premières loges et les mieux qualifiés pour juger des changements et des espérances, et si nos façons d’aborder les communautés sont plus prudentes, réservées et …intégrantes. Il faut sans doute remonter à Black-Mic-Mac de Thomas Gilou, pour trouver une liberté et une allégresse de ton comparables (1986). Dans cette banlieue où ne manquent pas les cas sociaux, la pétulante Sonia (Félicité Wouassi, enfin dans un rôle à sa mesure), exerce l’indispensable métier « d’aide à la personne ». Elle est aussi la mère de 4 enfants agités et la femme d’un mari paresseux et colérique qui dilapide au jeu l’argent du ménage. Qu’importe, elle fait face ! Yes She Can ! Il y a toujours une solution ! Optimisme indestructible et volonté inébranlable en ces temps de canicule (été 2003). Tout va à fond de train. Cantiques et rythmes plus païens accompagnent le cérémonial de mariage de la fille aînée avec un blanc. Enfin, un brun mat. La fête, on sait faire et on n’est pas raciste. L’ennui vient de la cadette qui se révèle enceinte de sept mois et doit être convoyée d’urgence à la maternité. Le père ? Quel père ? L’essentiel est que la mère et l’enfant se portent bien. L’aîné provoque une descente de police dans l’appartement mis à sac. La drogue n’a pas filé tout à fait assez vite dans les WC. On parvient à amadouer la commissaire. Reste le chouchou, celui à qui on achète vêtements de marques et Playstation. Le pauvre chéri est dépressif et lance à tombeau ouvert son scooter sur la corniche de l’immeuble. Heureusement que le père de famille n’est pas témoin de ces horreurs. Il ne risque pas. Il est mort d’apoplexie devant la télévision. Mais le miracle, est que Sonia n’est plus seule face à l’adversité. Non pas à cause de sa copine, coiffeuse-entremetteuse Marie-Jo, non pas à cause d’un ambulancier, amant d’occasion. Mais grâce à Robert, un délicieux voisin octogénaire (Claude Rich) polisson et lyrique, devenu chaud-bouillant au terme d’une vie tièdasse. Avant que la politique réussisse à nous changer la vie, le cinéma nous distribue des petites pilules de bonheur et d’impertinence qui permettent de garder le tonus. André Videau