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Harlem

Harlem. Harlem la mythique, la légendaire Harlem. Harlem « refuge », Harlem, « La Mecque noire ». Mais aussi Harlem déchue. Harlem le « ghetto ». Harlem « la zone » ! Du paradis à l’enfer ? « La route est longue de Harlem-lieu d’espérance à Harlem-terre de désespoir ». C’est cette route sinueuse que le lecteur emprunte avec Eddy L.Harris.

Harlem. Harlem la mythique, la légendaire Harlem. Harlem « refuge », Harlem, « La Mecque noire ». Mais aussi Harlem déchue. Harlem le « ghetto ». Harlem « la zone » ! Du paradis à l’enfer ? « La route est longue de Harlem-lieu d’espérance à Harlem-terre de désespoir ». C’est cette route sinueuse que le lecteur emprunte avec Eddy L.Harris. Un double « piège » hante Eddy.L Harris qui a décidé de s’installer à Harlem. Il y restera deux ans. Il y a d’abord ce piège dans lequel les Blancs sont enfermés, « un schéma de pensée raciste », cette perception qui ne voit dans l’autre qu’un Noir, au mieux, comme l’auteur, « un Noir acceptable ». L’autre piège est celui dans lequel les Noirs s’enferment eux-mêmes. « N’oublie pas ta race, grand. N’oublie pas ta race » s’entend dire Eddy L.Harris. Lui ne veut ni être un noir « acceptable » ni n’être qu’un Noir. « Peut-être que la vie en ghetto a-t-elle une valeur, mais les arguments que nous avançons pour nous ghettoïser sont les mêmes que d’autres utilisent pour nous exclure et garder le gâteaux pour eux ». « C’est l’isolement qui crée la prison, bien sûr, et comme pour n’importe quelle prison, il y a réclusion de part et d’autre des barreaux ». Eddy L.Harris veut être « un homme tout court » ! Bien sûr, selon la formule forte d’Aimé Césaire « nègre je suis, nègre je resterai ». Eddy L.Harris ne dit pas autre chose quand il écrit : « le ghetto est en nous, j’habite Harlem, je pense, depuis que je suis enfant ». Pour autant, il refuse la double assignation de sorte que le livre est une double récusation et la revendication du « choix » même si « un Noir est défini par certaines réalités statistiques et par le domaine le plus restreint des possibilités ». « (…)J’ai grandi dans la certitude de pouvoir faire tout ce que je souhaitais et être qui je voulais. Je pensais avoir droit à tout, pouvoir être noir et en même temps être davantage que simplement noir. J’ai toujours voulu être davantage. Je n’ai jamais accepté de contrainte ». Eddy L.Harris dit aussi la dette qu’il doit à son père : « Je ne suis prisonnier ni de Harlem ni de la couleur de ma peau ». « Mon père à travailler dur pour me déshériter. (…) Il s’est désespérément battu pour m’éviter ce monde-là ». Le 25 mars 2008, Eddy L.Harris recevait le Prix du livre en Poitou-Charentes pour Harlem. Un livre profond et dense, une plongée dans une questions brûlantes aux Etats-Unis comme en Europe. Pour les Noirs américains certes, pour les habitants des banlieues européennes aussi. Une clefs aussi pour lire les élections américaines et la campagne de Barak Obama. Mustapha Harzoune
Eddy L. Harris, Harlem, Liana Levi, collect. Piccolo, 2007, 281 pages, 10 €.

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