J'aurais voulu être égyptien

Alaa El Aswany, probablement le dentiste du Caire le plus célèbre depuis la parution puis l’adaptation cinématographique de L’Immeuble Yacoubian, publie son troisième livre J’aurais voulu être égyptien. La première des dix nouvelles, qui donne son titre au recueil, a été interdite en Egypte par l’Office du livre car jugée offensante. « C’est un jeune homme cultivé et désespéré qui souffre de l’arbitraire, de la corruption et de l’hypocrisie de la société égyptienne et qui compare cela avec le discours mensonger et plein de vanité que diffusent les médias gouvernementaux sur la grandeur des Egyptiens et de leur civilisation millénaire. (…) Le narrateur commence par se moquer de la célèbre citation de Mustapha Kemal « Si je n’étais pas né égyptien, j’aurais voulu être égyptien », explique l’auteur dans sa préface. Dans les dix récits, Alaa El Aswany n’épargne pas ses personnages : l’un ne pense qu’à manger alors que se déroule l’enterrement de son père, un autre refuse de financer l’hospitalisation de sa mère, un autre encore, étudiant en médecine, est prêt à toutes les compromissions pour s’attirer les bonnes grâces d’un Professeur, une vielle femme acariâtre ne cesse de maltraiter sa domestique… Bref, l’auteur s’attache à de petites âmes, souvent méprisables et traque, dans le quotidien, les bassesses et la médiocrité de la nature humaine. Rien de flatteur mais, malheureusement, rien de spécifiquement égyptien non plus… Maya Larguet