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La Chambre des vies oubliées

Robert Sutton a l’âge de la retraite. Lorsqu’il se décide à céder son pressing situé à Loughborough Junction, un quartier pauvre du sud de Londres, c’est Akeel, un Anglais d’origine pakistanaise « coincé entre deux cultures », qui se présente. Tout les oppose…

Robert Sutton a l’âge de la retraite. Lorsqu’il se décide à céder son pressing situé à Loughborough Junction, un quartier pauvre du sud de Londres, c’est Akeel, un Anglais d’origine pakistanaise « coincé entre deux cultures », qui se présente. Tout les oppose. Le premier est devenu presque étranger au monde. Il est solitaire, bougon, blessé par la vie. Sa femme est partie et sa fille refuse désormais tout contact avec lui. Le second est jeune, heureux dans son couple, s’apprête à avoir un enfant. Le premier ne croit pas en Dieu. Le second est musulman pratiquant. Durant un an, le temps de la passation, Robert et Akeel vont tâtonner, apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. « Robert (…) souhaiterait lui parler de la peur de grandir, de devenir un homme et d’agir, mais il n’a pas les mots, alors il lui donne une tape maladroite dans le dos, une bonne bourrade censée lui transmettre son expérience ». Roman sensible, La Chambre des vies oubliées parle de différence, d’amitié et de transmission. Pour autant, Robert Sutton livrera-t-il ses secrets, entre autres l’existence de la chambre des vies oubliées ? Stella Duffy parvient sans conteste à nous faire pénétrer les âmes de ses « héros » ordinaires comme des personnages secondaires que l’on croise dans le quartier ou qui se rendent dans la boutique de Robert et d’Akeel, comme cette jeune fille au pair, ce professeur de gym homosexuel, ce poète ou encore ce petit trafiquant. Enfin, avec La Chambre des vies oubliées, l’auteur rend également un bel hommage à la ville de Londres, à ses quartiers et à sa Tamise. Maya Larguet
Stella Duffy, La Chambre des vies oubliées, Grasset, janvier 2010