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Les Barons

Avec ce film, Nabil Ben Yadir nous offre une comédie insolite et insolente autour des pérégrinations de trois jeunes « beurs belges » qui nous sortent de l’ordinaire des loubards de quartier.

On remarque tout de suite les plaques minéralogiques qui portent un B et on entend un boutiquier regretter la perte du Congo. On est en Belgique. A Bruxelles plus précisément. Voici trois jeunes « beurs belges » qui nous sortent de l’ordinaire des loubards de quartier. Hassan, Mounir et Aziz, respectivement Nader Boussandel, Mourad Zeguendi et Mounir Aït Hamou, auxquels s’ajoute, en incruste, l’indigène Franck (Julien Courbey reprend à l’identique son rôle de clone volontaire qui lui a valu quelques succès dans d’autres productions), sont des fils d’immigrés d’origine maghrébine. Ils se font appeler « les barons » mais cette noblesse de trottoir ne leur confère guère de privilèges matériels. Aux abords de la trentaine, ils restent d’irrécupérables glandeurs, fournissant pour un revenu minimal, quelques appoints de main d’œuvre dans le commerce des primeurs ou la mécanique auto, ce qui leur permet tout juste l’usufruit d’une BMW collective. Il faut dire que leur philosophie, digne des rois fainéants ou des pieds nickelés, ne les entraîne guère à la promotion sociale. Leur théorie des « pas comptés » les incite plutôt à l’immobilisme, en un mot au farniente. Chaque homme naît avec un capital de pas. A l’épuisement du solde, il meurt. D’où la nécessité de limiter les déplacements et de renoncer le plus possible au travail. Sauf que Hassan, par ambition tout à fait incongrue, va trahir la cause et entrer en dissidence. Non pas en répondant aux désirs de son père : devenir comme lui un bon prolétaire, honnête chauffeur de bus, un bon musulman épousant une femme prude qui ne fûme pas, ne boit pas et fait des enfants… mais en s’orientant vers le show-biz, univers de perdition. Et pour aggraver son cas en puisant son inspiration dans les frasques de ses copains et en draguant Malika, la sœur de Mounir (Amelle Chabbi), une émancipée qui se montre à la télévision en petite tenue. Derrière ses plaisanteries de potache (les vannes pourries), ce film un peu foutraque, bouscule les codes des familles, des quartiers, de la migritude et grâce à ses interprètes décontractés, offre en scope-couleurs, s’il vous plait, une comédie insolite et insolente. André Videau
Sortie cinéma le 20 janvier 2010 Réalisé par Nabil Ben Yadir Long-métrage belge, français Durée : 1h51 min Année de production : 2008 Distributeur : Haut et Court