Le cinéma documentaire, un art contemporain
Les trois documentaires présentés ici articulent recherche formelle, itinéraire d'exil et diversité des situations migratoires en Europe. Ils représentent trois démarches artistiques, esthétiques et politiques. Trois regards sur le réel à travers trois auteurs qui bousculent les formes et les codes, trois films entre essais et documents.
On Hitler’s Highway
de Lech Kowalski, 2002 , France, 81 min
Hitler's Highway : la plus ancienne autoroute de Pologne construite par Hitler pour envahir ses voisins de l'Est. Lech Kowalski nous entraîne sur cette route où l'Est rencontre l'Ouest, où l'Histoire est partout menacée d'effacement et où l'avenir se redessine au rouleau compresseur. Un vendeur de champignons unijambiste, deux prostituées bulgares qui discutent de la dureté des temps, des tziganes en pèlerinage à Auschwitz, des clandestins ukrainiens réfugiés sur une base aérienne soviétique désaffectée, de jeunes contestataires occupant d'anciens bunkers nazis, un marchand de nains de jardin légèrement nostalgique.
Un axe majeur dans l'histoire contemporaine de la migration intraeuropéenne Est/Ouest Lech Kowalski se glisse dans ce monde en marge et se mêle à ses habitants qui pratiquent au quotidien l'art fragile de la survie. "Ils étaient aussi curieux de moi que je l'étais d'eux. J'étais là avec ma caméra, comme ils étaient là en train d’essayer de gagner leur vie. On bossait tous. Il suffisait d'attendre pour qu'on se rencontre et qu'on se parle." Lech Kowalski.
Samedi 12 mai à 15 h, auditorium, entrée libre
Les saisons
de Artzavad Pelechian Arménie, 1975, 29 min
La mise en scène lyrique de quelques moments forts de la vie quotidienne de bergers d'Arménie qui s'inscrivent dans le cycle des saisons : la fenaison, la transhumance sont les principaux leitmotivs de ce poème cinématographique.
Glissades à flanc de montagne sur des traîneaux de paille, brebis égarées dans un torrent bouillonnant, Pelechian et sa caméra se laissent emporter par une ronde de la vie menée par les bergers arméniens. Moissons, transhumances, les saisons se suivent, prolongeant les rites de ces éleveurs dans un éternel recommencement. Sans commentaire et d’une force visuelle qui fonctionne comme un effet de boucle, ce n’est pas un documentaire mais un véritable poème qui nous hypnotise. Une intuition cosmogonique de l’Arménie et du monde.
La transhumance comme métaphore d'un exil
Dimanche 13 mai à 15 h, auditorium, entrée libre
Vers le sud
de Johan Van der Keuken, Pays-Bas, 1981,143 min
30 avril 1980, Amsterdam. Le jour de la fête du couronnement, l'occupation d'un immeuble par des squatters provoque une confrontation avec la police. Puis le film part en voyage vers le Sud. Paris,la Drôme, les Alpes, Rome, le Caire jusqu'en Haute-Égypte.
C'est le regard que porte Johan Van der Keuken sur l'émigration tant intérieure qu'extérieure : les pages d'un carnet de bord où s'inscrit l'obsession des lieux où chacun se projette.
Dimanche 13 mai à 16 h, auditorium, entrée libre