Les contre-allées : architectures contemporaines de l’exil
Le collectif Le peuple qui manque est une structure curatoriale et un distributeur de films et de vidéos d'artistes créé en 2005 par Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros, et un laboratoire de réflexion entre art contemporain, vidéo, cinéma et théorie critique. Dans le cadre de la carte blanche qui lui est offerte, Le Peuple qui manque interroge les lieux et non lieux de l'exil au travers d'une sélection d'oeuvres d'artistes internationaux.
"Depuis le cinéma expérimental et le film d’artiste, cette séance explore quelques architectures contemporaines de l’exil, prenant pour fil directeur la figure de la "contre-allée", chère au philosophe Jacques Derrida. La Méditerranée comme écart topographique, résidu de l’exil et de double culture, dans les films photographiques de Mehdi Meddaci. Paris, comme ciné-cité de l’exil intérieur pour un ovni expérimental issu d’un métissage insolite qui fait du cinéma antinarratif des années 70 une pratique étrangement pop et flamboyante chez Djouhra Abouda et Alain Bonnamy. L’exode comme lieu de permanence contemporaine, dans Transit de Halida Bougriet, comme le sinueux parcours d’oiseaux migrateurs, sans logique apparente de destination. Les réminiscences du futur, chez Safia Benhaïm ou Frédérique Devaux, qui dessinent les portraits fragmentaires de pays fantasmés. Enfin, "images-lucioles", qui documentent un "non-lieu", une frontière, la cinéaste anglaise Laura Waddington témoigne en 2004, de manière rare, avec son film Border, et à l’aune de sa propre mise à l’épreuve, de la puissance fragile et élégiaque du cinéma à saisir la condition des migrants dans le camp de Sangatte et simultanément une analyse des dispositifs répressifs et de contrôle migratoires". Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros
Les 7 films présentés
Mehdi Meddaci – SANS TITRE / Alger la blanche (2009, 2 min 37)
Mehdi Meddaci – Jeter une pierre (2008, 9 min)
Mehdi Meddaci est né en 1980 à Montpellier (France), actuellement en résidence au 104. Il est diplômé du Fresnoy Studio National des Arts Contemporains (France) et de l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles (France).
Halida Boughriet – Transit (2011, 8 min)
Frédérique Devaux – K Exil (2008, 9 min)
Née en 1956 à Paris, Frédérique Devaux est l’auteure d'une trentaine de films expérimentaux et de documentaires distribués par diverses coopératives internationales. Frédérique Devaux est également l'auteure de nombreux ouvrages théoriques sur l'art et le cinéma. Son travail reflète la préoccupation d'un relief que celui-ci soit imaginaire ou réel, par la juxtaposition de matières, voire d'œuvres, elles-mêmes enchâssées dans d'autres réalisations, abritant à leur tour des fragments en trompe-l’œil, ou de l'ordre du fractionnisme, vers l'infini.
Safia Benhaïm - L'Atlantide / Lila (2011, 15 min, triptyque)
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD, Paris) et de l’université Paris III, Safia Benhaïm reçoit le Grand Prix Côté Court au Festival Côté Court en 2010
Djouhra Abouda, Alain Bonnamy – Cinécité (1973 – 1974, 16 min)
"(…) Kabyle par ses racines, Djouhra Abouda fait partie de ces artistes qui traversent à un moment de leur trajectoire personnelle le champ du cinéma expérimental, pour ensuite investir d’autres territoires. (…) Les rêves de son enfance de “faire du cinéma” amènent Djouhra en compagnie d’Alain Bonnamy dans le laboratoire expérimental de l’université de Vincennes, où, en ce début des années soixante-dix, il est possible d’approcher le cinéma sans pour autant faire académie. Ils réaliseront ensemble entre 1972 et 1977 trois films, aujourd’hui injustement oubliés. Se refusant à produire toute narrativité, les deux premiers films d’Abouda et Bonnamy, Algérie couleurs (1970-1972) et Cinécité (1973-1974) ont été élaborés sur le principe d’un véritable métissage de cultures dynamisé par la fascination réciproque de l’autre. Véritables actes d’amour, ils ont été conçus comme des assemblages kaléidoscopiques à partir d’un paradigme musical. (…)Le saxophone débridé d’un Albert Ayler télescope la voix enjôleuse d’Om Kalsoum dans Cinécité, un film entièrement dédié à Paris, la ville cosmopolite et pluriculturelle de leur propre histoire. Sur les traces du simultanéisme littéraire d’un Dos Passos et du cut up de William Burroughs, mais se rapprochant davantage d’une phénoménologie de la perception dont les films de Werner Nekes se font l’écho à la même époque, le couple de cinéastes commence à élaborer, dans le cadre de l’extraordinaire dynamique de l’université de Vincennes, le concept d’un nouveau type de montage des images, sur le principe d’un enchevêtrement de séquences devant aboutir à une dynamique perceptive fusionnelle – sortes d’images doubles en mouvement. Réalisé avec des vues fixes pour Algérie couleurs, ce principe est initié sur des images mobiles dans Cinécité (…)". Jean-Michel Bouhours
Laura Waddington – Border (2004, 27 min)
Née à Londres en 1970, Laura Waddington a étudié la littérature anglaise à l’université de Cambridge avant de s'installer à New York et puis Paris où elle a réalisé des films et des vidéos.
Séance en présence de Halida Boughriet, Mehdi Meddaci, Safia Benhaïm et Frédérique Devaux.
Informations pratiques
Dimanche 11 décembre 2011 à 15 h
Auditorium
Entrée libre