12Hamedine Kane
« Lorsque j’étais jeune et que je traînais avec mes copains dans ces entrées d’immeubles tâchées de vin et d’urine, quelque chose en moi se demandait : Qu’adviendra-t-il de toute cette beauté ? »
James Baldwin, La prochaine fois, le feu (1963).
Hamedine Kane, vidéaste, cinéaste et plasticien autodidacte, puise son inspiration au fil de ses rencontres, depuis la frontière sénégalo-mauritanienne jusqu’à Bruxelles et Bombay.
Salesman of Revolt, issue d’une collaboration pendant une résidence à Bombay, avec l’artiste indienne Tejswini Sonawane, s’intéresse à l’impact des luttes raciales dans les sociétés occidentales. Cette série de gravures rend hommage à de jeunes marchands ambulants portant sur leur tête, sur les marchés de Dakar, des piles de livres à vendre. Parmi ces ouvrages, l’artiste sélectionne ceux, incontournables, de James Baldwin, Ta-Nehisi Coates ou Cheikh Anta Diop qui questionnent les conséquences du racisme et du colonialisme. Ces jeunes vendeurs, pour la plupart analphabètes, portent tels des totems, toute la force et le poids historique de ces ouvrages. Sans en connaître forcément le contenu, ils se laissent guider, comme par intuition, par la couverture choisie par les éditeurs. Si l’artiste s’intéresse autant aux titres qu’à leurs auteurs, il s’attache également au choix du visuel de couverture, qu’il reproduit en gravure.
Auparavant bibliothécaire, Hamedine Kane rassemble ses deux passions pour inviter à s’interroger sur la puissance des mots et des images, des idées et de leur circulation.