13M’barek Bouhchichi
« La légende raconte qu’un métayer du sud-est marocain avait fait vœux de célibat et lorsqu’on l’interrogeait sur ce choix il répondait "Métayer, fils de métayer, petit-fils de métayer... j’ai décidé de mettre fin à ce lignage"» M’barek Bouhchichi
M’barek Bouhchichi développe une démarche artistique centrée sur l’analyse des mécanismes de discrimination à l’encontre des Berbères noirs du sud du Maroc.
Le titre choisi pour cette œuvre provient d’un poème de M’bark Ben Zida, poète paysan noir de la ville de Tata et praticien du Ahwach, un art combinant poésie orale, musique et danse. M’barek Bouhchichi, fortement influencé par ce pourfendeur des inégalités sociales et raciales, lui rend hommage en développant le corpus Les poètes de la terre.
Historiquement, dans le sud du Maroc, les Noirs étaient exclus de la propriété foncière. Ils pouvaient cependant travailler la terre des Blancs, en échange d’un cinquième de la récolte. Dans ses sculptures à taille humaine, M’barek Bouhchichi donne à voir cette injustice économique. Il extrait un cinquième de chaque bloc en métal oxydé et le recouvre de cuivre, inversant ainsi les couleurs traditionnellement associées aux corps dominants/dominés. La teinte noire, généralement minoritaire, devient ici majoritaire.
L’artiste recourt au parallélépipède rectangle - qui incarne selon Roland Barthes le « bien-vivre ensemble » - pour mieux souligner cette inégalité. M’barek Bouhchichi propose une forme de résistance plastique, une réhabilitation silencieuse face à l’omniprésente oppression raciale.
M’barek Bouhchichi
Né à Akka (Maroc) en 1975
Il vit et travaille à Tahannaout
Série Les poètes de la terre
2019 - Sculptures en métal et cuivre