5Ymane Fakhir
« Je suis fascinée par le travail que faisaient les femmes au quotidien et qui pour moi participe à une forme d’économie domestique, un travail de long labeur qui n’a pas de reconnaissance sociale et relègue la femme à des tâches ménagères. Ce sont des gestes que faisait ma grand-mère. C’est aussi une transmission qui s’arrête avec les nouvelles générations. »
Ymane Fakhir
Après une formation à l’École des Beaux-arts de Casablanca, Ymane Fakhir poursuit ses études à l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence puis à l’École nationale de la photographie d’Arles.
Entre expérience personnelle, documentaire et fiction et dans une diagonale entre la France et la Méditerranée, Ymane Fakhir ausculte les rituels ancestraux à travers les notions de mémoire et d’héritage immatériel. Dans les œuvres Cheveux d’Ange, Graines et Blé, l’artiste filme en plan-séquence les mains de sa grand-mère aux mouvements mille fois recommencés. Les vidéos, tout en épure, nimbées de sons parfois à peine perceptibles mais récurrents, se font hypnotiques. L’alchimie s’accomplit alors grâce à ces femmes qui métamorphosent des matières premières en aliment, partagent leurs mets, transmettent leur savoir. Ymane Fakhir propose une réécriture de gestes et de traditions qui ramènent à l’enfance mais qui interrogent également, en creux, la confrontation au temps. N’est-ce pas toute la question du passage à la modernité qui se joue ici ? De cette coexistence entre la persistance de coutumes anciennes
et l’apparition de pratiques contemporaines ? Ymane Fakhir traque les indices de mutation de son pays natal et annonce les limites possibles de la transmission.
Ymane Fakhir
Née à Casablanca (Maroc) en 1969
Elle vit et travaille à Marseille
Graines - 2011 - Vidéo - 2’01’’
Cheveux d’Ange - 2011 - Vidéo - 3’31’’
Blé - 2012 - Vidéo - 3’29’’
A lire : "La mémoire ne meurt jamais ". Entretien avec Ymane Fakhir, réalisé par Meriem Berrada et Isabelle Renard (Hommes & Migrations n°1332)