3D’où viennent-ils ?
Première partie
Les lieux d’origine des migrants italiens en France dessinent une géographie précise. Des provenances communes se révèlent : les régions du nord de la Péninsule d’abord, non loin de la frontière (Piémont, Toscane, Lombardie, Emilie-Romagne). Puis, plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, les régions méridionales.
La migration implique d’emprunter des lieux de passage, chemins, routes, trains, frontières, gares, ports, centres de contrôle plus ou moins bien définis selon les époques. Ces lieux structurent une mémoire de la migration à la tonalité parfois épique.
Au gré des filières familiales et villageoises et des offres d’emploi, les Italiens se regroupent en France dans les mêmes régions, les mêmes quartiers, les mêmes rues, aux allures de "Petites Italies". Ils fréquentent des lieux de divertissement dans des cadres formels (associations) ou informels (guinguettes, cafés). On cultive l’entre-soi, le souvenir du pays, mais aussi une sociabilité ouverte car les activités et les pratiques sont inscrites dans la culture populaire : jeux, musique, sport… L’ambiance se veut joyeuse, loin du regard souvent misérabiliste sur l’immigration.
Les lieux de piété sont d’autres points d’enracinement. La fréquentation des églises (animées par des missionnaires investis également dans l’action sociale) la participation aux fêtes votives ou aux pèlerinages constituent pour les migrants italiens une manière de rester fidèles à leurs racines, de trouver des ressources spirituelles face à l’épreuve de la migration. Dans bien des cas, au sein d’une paroisse fréquentée aussi par des Français, ils s’intègrent à une communauté solidaire.