2e Festival de théâtre populaire des travailleurs immigrés
Encontro Português est un groupe fondé en décembre 1969 par des Portugais installés à Puteaux. Au 20 rue du Centenaire, ils créent des cours d’alphabétisation, de théâtre, de photographie, des débats, un accompagnement social et juridique, le journal Em Frente. De 1970 à 1973, avec d’autres groupes (l’Union générale des travailleurs sénégalais, l’Association des Marocains de France, puis le Comité des travailleurs algériens), ils s’engagent dans la défense des travailleurs. En manque de ressources, ils font appel à l’aide financière de la Cimade et fondent la Maison des travailleurs immigrés de Puteaux (MTI). Rapidement, cette MTI s’engage dans un « front culturel immigré » avec le premier Festival de théâtre populaire des travailleurs immigrés en 1975. La deuxième édition, en 1976, s’étend à l’Ile-de-France et dans quelques villes de France. Une plateforme politique est diffusée pour défendre les travailleurs immigrés.
En effet, dès les années 1960 se développe un théâtre tourné vers les populations immigrées. Théâtre de divertissement tenu par des troupes professionnelles, il est souvent financé par les pays de départ pour de grands théâtres franciliens. Il est souvent interdit aux acteurs d’affirmer un engagement politique. Mais, au lendemain des indépendances africaines, une tradition théâtrale « immigrée » se fait reconnaître. Cette forme devient la plus répandue tout en étant la moins spectaculaire. Ce théâtre d’amateurs, souvent de travailleurs, s’affirme comme art politique. De 1973 à 1976, 36 troupes sont créées dans toute la France et s’intègrent dans des réseaux internationaux de luttes anti-impérialistes et parlent arabe, portugais, espagnol, italien, etc. La plupart de troupes se produisent hors des circuits officiels lors des grèves d’usines, dans la rue, les foyers, etc. Deux groupes d’artistes collaborent à cette affiche : le Front des artistes plasticiens (FAP), très engagé sur le terrain politique, et le Collectif des peintres arabes (Liban, Syrie, Tunisie, Algérie, Égypte), fondé en 1975, qui fait partie d’un réseau de solidarité internationale d’artistes.
Là, dans un champ où paissent des bêtes, des personnes sont renversées par un individu à cheval, les autres semblent sidérées. Dans le fond, depuis la maison en ruine, un individu semble s’échapper avec les oiseaux (migrateurs ?), peut être d’autres personnes métamorphosées… Dans la symbolique arabe, l’oiseau évoque l’hospitalité, l’amitié ou la renaissance.
Romain Duplan, chercheur indépendant en histoire et co-fondateur de La Boîte à histoire
En savoir plus :
Immigrations, les luttes s'affichent : une sélection d'affiches issues des collections du Musée publié par la revue Hommes & Migrations dans le portfolio de son numéro "1973, l'année intense" (n°1330, juillet-septembre 2020)
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