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Carte téléphonique de la marque Tati
Groupe Tati, Carte téléphonique de la marque Tati, quatrième quart du XXe siècle, 50 unités imprimés sur matières plastiques, 5,5 cm x 8,6 cm, don de Madame Emna H., Collection du Musée national de l’histoire de l’immigration, inv. 2018.97.2
© EPPPD-MNHI – photo Philippe LEBRUMAN
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Carte téléphonique de la marque Tati
Groupe Tati, Carte téléphonique de la marque Tati, quatrième quart du XXe siècle, 50 unités imprimés sur matières plastiques, 5,5 cm x 8,6 cm, don de Madame Emna H., Collection du Musée national de l’histoire de l’immigration, inv. 2018.97.1
© EPPPD-MNHI – photo Philippe LEBRUMAN

Famille H.

témoignage collecté en 2018

La donatrice, Emna H. est, née à Sousse (Tunisie), dans une famille où les origines et les voyages construisent des identités transnationales. Quand elle pense à la manière de transmettre l’histoire de sa famille au Musée, lui reviennent les conversations téléphoniques entre son père et ses proches, de l’autre côté de la Méditerranée. Il parlait d’une voix forte, comme s’il fallait se faire entendre malgré les kilomètres. Ces cartes téléphoniques évoquent également le souvenir de la chaîne de magasins Tati, très fréquentés par les milieux populaires immigrés. 

Sa mère, Claudine F., est née le 26 février 1956 à Harnes (62). Sa famille est d’origine polonaise, de Katowice. Principalement élevée par sa grand-mère maternelle, Claudine F. est une très bonne élève, ce qui lui permet de partir au Lycée à Lens. Sa fille raconte : « Elle a bien vécu ce changement de milieu, car elle a connu d’autres personnes au lycée mais a conservé ses anciennes relations à travers les activités de la paroisse polonaise. De plus, ce changement l’a ouverte à de nouvelles personnes et de nouveaux milieux, comme celui des bourgeois de Lens ou de sa ville natale ; avant cela, elle ne connaissait que les gens de son quartier. » (E.H, 2018) 

Son père, Ferid H. est né en 1944 à Tunis, mais sa famille est originaire de la région de Sousse. Il quitte la Tunisie pour la France en août 1965, poussé par son père. Aîné de 10 enfants, il est attendu de Ferid H. qu’il aide au soutien de la famille. « Il arrive à Lille parce que son père a un ami dans le Nord. C’est cette famille qui l’aide à s’intégrer. Pendant quatre ans, il fait toutefois des allers-retours chaque année en Tunisie et y passe finalement plus de temps qu’en France. Il revient s’installer en France pour de bon en septembre 1969, car il obtient un contrat de travail dans les Vosges et se stabilise. » (EH, 2018) Entre 1974 et 1976, Ferid H. étudie la psychologie à Paris. Il part ensuite s’installer à Arras, où vivent des amis de la famille, pour travailler.

En 1977, au volant de sa 4L, Claudine F. prend Ferid H. en autostop. Ils se marient la même année ; leur premier enfant, une fille prénommée Hanifa, naît à Harnes en 1979. Un garçon, Sélim, naît en 1982. Claudine F. travaille comme éducatrice spécialisée, dans une institution spécialisée pour enfants. Ferid H. occupe divers emplois, ouvrier spécialisé puis chauffeur routier. Il est naturalisé français dans les années 1980 : « Mon père a d’abord refusé d’être naturalisé lorsqu’il a épousé ma mère, car à ses yeux, il était Tunisien et il ne voyait pas pourquoi il aurait des papiers français. » (E.H, 2018)

A la fin de l’année 1983, la famille se décide à partir vivre en Tunisie : « Mon père avait envie de revoir sa famille en Tunisie, et les circonstances les ont poussés à partir car l’emploi de mon père avait été délocalisé, et le contrat de ma mère n’avait pas été renouvelé. De son côté, ma mère n’avait plus d’attaches familiales en France et voulait un nouveau départ. Elle voulait aussi que ses enfants découvrent ce côté de la famille et soient intégrés dans le grand cercle familial. Elle savait qu’elle pourrait leur apporter la culture française, et qu’ils auraient ainsi la culture arabe par leur environnement. » (EH, 2018)
La famille H. s’installe dans la région de Sousse, Claudine trouve du travail au collège français ; Ferid dans une association s’occupant d’enfants défavorisés. En 1993, ils donnent naissance à leur troisième enfant, Emna. 

Dans les années 2000, les deux aînés partent suivre des études supérieures en France. Dans leur sillage, toute la famille revient vivre en France, à Lille. « Aujourd’hui, mes parents sont retraités et vivent à Lille ; le destin a voulu qu’ils habitent dans l’appartement juste au-dessus de celui où ils vivaient au début des années 80. Ils pensent parfois à passer leur retraite entre la France et la Tunisie, mais ils préfèrent rester près de leurs petits-enfants. Mon père est conscient que leur parcours est « spécial », car peu de gens vont et viennent comme ils l’ont fait. » (EH, 2018)
 

Elisabeth JOLYS-SHIMELLS, conservatrice en chef du Patrimoine en charge de la collection Témoignages et société

Informations

Inventaire
2018.97.2.2
Type
Objet
Date
Non renseignée
Donateur
Don de Emna H.
Matériaux

matière plastique imprimé (technique verre/vitrail/plastique)

Dimensions

H. 5,5 cm, l. 8,6 cm