Finale de la coupe de football des travailleurs immigrés
Cette affiche s’inscrit dans le contexte de la Coupe du monde de football qui s’est déroulée en Argentine entre le 1er et le 25 juin 1978. En parallèle de cet événement planétaire, un modeste tournoi est organisé entre différentes équipes de travailleurs immigrés de la région parisienne. Le 25 juin, jour de la finale de Buenos Aires (qui voit l’Argentine triompher des Pays-Bas), la finale de ce tournoi est organisée au stade de la porte de Pantin (aujourd’hui centre sportif Jules Ladoumègue).
Outre le rendez-vous du ballon rond qui passionne de nombreux immigrés, cet après-midi est une fête : chants et danses sont aussi prévus au programme. En cette fin des années 1970, la société française reconnaît une dimension culturelle à la présence immigrée : l’émission de télévision Mosaïque, créée l’année précédente, ou les Rencontres Français-immigrés instaurées par le gouvernement en témoignent.
Cependant, l’époque n’est pas encore à la mixité ni à la diversité, car c’est « entre eux » que les travailleurs immigrés jouent au football. Cette situation, le football amateur la connaissait depuis quelques années. Dans les différents districts et en particulier en région parisienne, il existait des championnats entre équipe d’étrangers (Portugais, Espagnols, Yougoslaves, Marocains, Algériens, Tunisiens, Turcs) qui pouvaient néanmoins accepter dans leurs rangs jusqu’à deux joueurs de nationalité française. Une sorte de « préférence nationale » à l’envers ! Ainsi s’était alors mis en place un cadre de pratique « communautaire » du football dont il reste encore aujourd’hui des traces à travers certains clubs ayant conservé leur dénomination de l’époque tels l’AS Algérienne de Villeurbanne ou le Lusitanos de Saint-Maur.
Sous les auspices d’un poing levé qui traduit une volonté militante antiraciste notamment, marquée par la longue grève des foyers Sonacotra (1975-1979), les équipes en présence sont en très large majorité composées de joueurs maghrébins. Sont aux prises l’Étoile sportive arabe implantée en banlieue parisienne, les joueurs de la section de Saint-Denis de l’Association des Marocains de France (AMF), un « onze » de travailleurs immigrés venus de Melun et une équipe du foyer Sonacotra de Nogent-sur-Oise. Sous une forme renouvelée et dans un contexte différent, ce type de tournoi trouve une certaine continuité à travers la « Coupe du monde des banlieues » organisées en parallèle du Mondial 1998 en France ou de 2006 en Allemagne.
Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l'université Côte d’Azur (Urmis)
Texte issus du portfolio « Le sport en migration dans la collection du Musée », revue Hommes & Migrations, « Parcours sportifs », n° 1344, janvier-mars 2024. Accéder au sommaire du numéro
Informations
Affiche imprimée à l’encre noire
60 cm x 39,5 cm
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