Le tabouret d'Alphonse Marie Toukas
"Trois fois en tout, je suis retourné au pays, et trois fois j’ai dû revenir en France. Là, ça suffit. Je vais mourir ici, je crois bien. Je n’ai pas la nationalité française, parce qu’à chaque fois, à la Préfecture, il m’a manqué un papier. C’est l’acte de décès de mon père, il a été perdu, avec tous les troubles qu’il y a eu au Congo. Donc je reste congolais à vie, à Paris. Si j’avais pu finir ma vie dans l’ambiance des fêtards de Brazzaville, je serais reparti encore un coup. Mais j’en ai pris mon parti, parce que c’est pas la peine de s’appesantir sur les choses qui ne marchent pas comme on voudrait. Je vis ici et maintenant. Aujourd’hui, c’est mon jour, et personne ne peut me l’enlever. Demain, on verra. Il faut rendre grâce de la minute vécue. Ça aussi, c’est ma mère qui me l’a appris. Plus je vieillis et plus je me dis qu’elle avait raison."
Un objet qui sait d’où l’on vient, à garder toujours près de soi : c’est l’un des conseils maternels qu’Alphonse-Marie a suivi fidèlement. Son tabouret lui évoque la mère qui n’est plus là, le pays qu’il a dû laisser. Il raconte.
Alphonse-Marie Toukas est née en 1935 au Congo (Brazaville) . Il est mort en décembre 2008 en France.
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