Le violon de Frantisèk Stursa
Don de Edith Salzman
" Avec mes parents, quelque chose de tchécoslovaque est passé à Sainte Menehould. Ils ont adopté un pays comme si c’était le leur". Edith, fille de Frantisèk Stursa
Le parcours de Frantisèk Stursa
Frantisèk Stursa est né le 3 décembre 1901 à Zajerice, dans l’Empire austro-hongrois (République tchèque actuelle), dans une famille paysanne et de petit artisanat. Diplômé de l’Ecole des jardins de la ville de Chrudim, Frantisèk quitte en 1920 la Tchécoslovaquie pour la Suisse afin de parfaire son enseignement.
En 1924, Frantisèk décide de partir pour la France. Après deux mois dans les mines de fer de Lorraine, il travaille comme horticulteur à Thionville entre 1925 et 1926. Frantisèk, devenu "François", part vers Paris où il retrouve des compatriotes horticulteurs et devient employé dans de grandes entreprises de fleuristes parisiens.
Ecouter Edith Salzman parler du parcours de son père
Mais l’approche de la Seconde Guerre mondiale inquiète les Stursa. François a toujours la nationalité tchécoslovaque, après une demande de naturalisation infructueuse en 1938. Lorsque la guerre est déclarée, il s’engage non pas dans la Légion étrangère, mais dans les rangs de l’Armée de libération tchécoslovaque qui vient de se constituer en France. "Quand l’affiche de la mobilisation générale est apparue au coin de notre rue, mon père s’est enrôlé sur-le-champ. Il a donc fait la guerre comme tout le monde. Il a eu droit au titre d’’’engagé volontaire’’." Profitant de sa connaissance de la langue allemande et de sa relation fortuite avec un enrôlé bulgare de la Kommandantur, François détournait une part des légumes réquisitionnés par l’occupant pour les distribuer aux plus nécessiteux. Il a reçu les honneurs pour cet acte et porté les médailles commémoratives française et tchécoslovaque. En 1953, François obtient finalement la naturalisation française.
" Mon père se sentait français avant d’être français. Jusqu’à la guerre de 1939, ma mère retournait tous les ans dans sa famille et nous ramenait de merveilleux livres de contes tchèques qu’elle nous lisait le soir. Mais mon père n’est retourné qu’une seule fois dans sa famille, en 1956, une demi-journée. Se sentant si misérablement étranger, il est remonté en voiture...direction la France. À la maison, il n’y eut jamais de relations communautaires suivies".
Le violon
Acheté à un saltimbanque de passage, ce violon est emblématique de la Bohême natale de Frantisèk Stursa, en particulier pour le château médiéval sculpté sur la table d’harmonie qui évoque les paysages tchèques. La musique occupait une grande place au sein de la famille, de même que la littérature et les livres de contes celtes qu’Andela Volmanova rapportait à sa fille, Édith. Revenant sur le parcours migratoire de ses parents, Édith se remémore son enfance en région parisienne : "Tous les Tchèques naissent avec un violon dans les mains. Résultat, à huit ans, je suivais des cours de violon, tandis que mon père apprenait le solfège avec moi, car jusqu’à présent il avait joué à l’oreille. Pendant ce temps-là, ma mère esquissait quelques pas de charleston".
En savoir plus sur l'immigration tchèque :
- Dossier thématique : Les Tchèques et les Slovaques en France depuis la fin du XIXe siècle
Les parcours des donateurs font l’objet d’entretiens filmés, qui sont présentés dans la Galerie et accessibles en ligne. Retrouvez-les sur cette carte :
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