Durant l’été 2009, Mathieu Pernot réalise la série Les Migrants. Il photographie des Afghans clandestins dans le Xe arrondissement de Paris, à proximité du square Villemin dont ils viennent d’être expulsés. Ces hommes en transit, migrants de passage, rêvent d’Angleterre ou d’un statut de réfugié. «Après avoir passé plusieurs après-midi aux côtés de ces groupes d’Afghans, j’ai décidé de travailler autrement, de ne pas essayer de créer un lien, de m’en tenir à ce que tout le monde pouvait voir à condition de bien vouloir regarder. (...) Je les ai photographiés dans leur sommeil, le corps caché par un tissu, un drap ou un sac de couchage les recouvrant. Invisibles, silencieux et anonymes, réduits à l’état de simple forme, les individus se reposent et semblent se cacher, comme s’ils voulaient s’isoler d’un monde qui ne veut plus les voir».
La force de ces images vient de leur double inscription dans une actualité largement commentée mais aussi dans une histoire de l’art et des formes (pli, drapé, sculpture). À la surexposition médiatique, Mathieu Pernot oppose abstraction et silence. « J’ai été ému par la présence de ces “refoulés” de l’histoire, ces figures d’une mondialisation inversée. J’ai été troublé par la beauté ambiguë de ces formes qui rappelaient celles d’une autre Histoire. J’ai pensé que la meilleure image à faire était celle de leur sommeil, de cet ailleurs que l’on ne connaîtra jamais et qui constitue sans doute leur dernière échappée. Je n’ai pas voulu les réveiller. Je n’ai rien vu des migrants » (Mathieu Pernot, « Portfolio Migrants », in Études photographiques, n° 27, mai 2011, Paris, Société française de photographie).
Informations
tirage jet d'encre contrecollé sur aluminium avec cadre chêne brun foncé
H. 85 cm, l. 120 cm (sans cadre) / H. 88 cm, l. 122,5 cm, E. 3 cm (avec cadre)
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