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Photographie d’une équipe de football à Lattaquié (Syrie) en 1924
Photographie d’une équipe de football à Lattaquié (Syrie), 1924. Tirage gélatino-argentique noir et blanc sur papier cartonné 12,7 cm x 17,7 cm. Collection du Musée national de l’histoire de l’immigration, Inv. 2010.39.5.17
© EPPPD- CNHI

Photographie d’une équipe de football à Lattaquié (Syrie)

Don de Pierre Mampreyan (fils d'Ohannès)

La photographie d’une équipe de football fait partie de l’album de la première mondialisation culturelle. En 1924, c’est au tour des adolescents scolarisés au collège des Frères de Lattaquié (nord-ouest de la Syrie) de poser. Dans l’Empire ottoman, des équipes de football avaient été créées dès avant 1914, comme en 1905 au lycée impérial de Galatasaraï. Il faut attendre les débuts du mandat français (1920) pour que le football apparaisse au Levant. Notamment dans le port de Lattaquié où accostent des navires militaires et leurs équipes de football. Dès 1923, un championnat de l’Armée du Levant est organisé. La formation de Lattaquié est battue en finale de la poule du Territoire des Alaouites par la formation de Jablé. Les collégiens ont-ils affronté les militaires ? Ou, plus tard, les élèves du Collège officiel créé par la puissance mandataire ?

En tout cas, les représentations codifiées de footballeurs circulent déjà, sans doute par la circulation de périodiques spécialisés comme Le Miroir des Sports. Les épaules bien saillantes, chaque joueur arbore une position virile, typique de la chrétienté du muscle, les mains sur les hanches, aux deux derniers rangs, comme par défi. La composition reproduit le schéma tactique alors en vigueur. À l’arrière-plan, le gardien de but est entouré de ses deux défen-

seurs. En dessous, les deux milieux ailes encadrent le demi-centre, le maître à jouer de l’équipe. À gauche se trouve Ohannès Mampreyan, réfugié arménien du génocide, le père du donateur de l'image, Pierre Mampreyan (en savoir plus sur Ohannès Mampreyan). Au premier rang, toute la ligne d’attaque (ailiers, inters et avant- centre qui semble un peu plus grand que les autres et est, peut-être, le plus doué au jeu de tête). De l’équipement, on ne voit que le maillot à manches longues et rayures et le ballon de cuir, un bien encore rare et précieux. Ont-ils été commandés dans les magasins de sport parisiens ou à Beyrouth ? En tout cas, le football syrien est né. Sa fédération voit le jour quinze ans plus tard avant d’être affiliée à la FIFA en 1946, l’année de la proclamation de l’indépendance du pays.

Paul Dietschy, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Franche-Comté Directeur de la revue Football(s). Histoire, culture, économie, société

 

Texte issus du portfolio « Le sport en migration dans la collection du Musée », revue Hommes & Migrations, « Parcours sportifs », n° 1344, janvier-mars 2024. Accéder au sommaire du numéro

En savoir plus sur le fond auquel est rattaché cette photographie

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Ohannès Mampreyan chez Ascott (Paris) © Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration

Le parcours d'Ohannès Mampreyan

Informations

Inventaire
2010.39.5.17
Type
Photographie
Date
1924
Donateur
Don de Pierre Mampreyan
Matériaux

Tirage gélatino-argentique noir et blanc sur papier cartonné

Dimensions

12,7 cm x 17,7 cm 

Pays
Syrie