Portrait d’un jeune boxeur
Kasimir Zgorecki est né à Recklinghaussen (Allemagne) en 1904. Il est décédé à Lille en 1980.
Après la Première Guerre mondiale et la signature de conventions d’immigration entre la France et la Pologne, près d’un demi-million de travailleurs et de familles originaires de Pologne s’installent en France pour travailler dans le secteur agricole ou industriel. Près de 38 % de ces familles polonaises s’installent dans les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais.
Dans son studio photographique établi dans la cité minière de Rouvroy (Pas-de-Calais), Kasimir Zgorecki, arrivé de Pologne à l’âge de 16 ans, voit défiler sous son objectif, entre 1924 et 1957, l’importante population polonaise installée dans la région. La photographie d’identité et le portrait individuel constituent une large part de sa production. Usant d’accessoires et de fonds peints, il fixe les traits de ses clients qu’il fait poser dans des décors de colonnades et de lourds rideaux évoquant la tradition des ateliers de photographes du XIXe siècle. C’est devant ce décor qu’il fait poser ce jeune boxeur. En garde, les mains bandées, il porte des chaussures de boxe et un short blanc orné d’une étoile, possible emblème d’un club sportif.
Dans l’entre-deux-guerres, la boxe connaît un âge d’or, tout particulièrement dans le Nord et le Pas-de-Calais, où fleurissent clubs et écoles. Popularisée par la diffusion à la radio de reportages et de matchs, catalyseur d’un sentiment d’appartenance et vecteur d’espoirs de promotion sociale, la pratique de la boxe est encouragée par les municipalités et les houillères. L’émergence de la figure du « mineur-boxeur » décuple cet engouement. Le courage et la force nécessaires au travail de la mine sont alors considérés comme des qualités hautement valorisables dans la pratique de la boxe. Dans un article intitulé « La boxe dans les corons » publié dans l’hebdomadaire Match daté du 14 février 1933, on peut ainsi lire : « Ne vous étonnez pas de trouver tant de Polonais dans l’équipe du Club athlétique bruaysien [...]. Les qualités de la race polonaise ajoutée à celle des Nordistes nous promettent, dans quelques années, une génération de gars redoutables, courageux et durs à la douleur. Ce sont au moins les qualités dont font preuve les boxeurs polonais. » Parmi les nombreux Polonais travaillant dans les mines du Nord et du Pas-de- Calais, beaucoup viennent grossir les rangs des pugilistes.
Émilie Gandon, conservatrice du patrimoine, Musée national de l’histoire de l’immigration, responsable du fonds Histoire
Texte issus du portfolio « Le sport en migration dans la collection du Musée », revue Hommes & Migrations, « Parcours sportifs », n° 1344, janvier-mars 2024. Accéder au sommaire du numéro
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