Refuge
Bruno Fert
Bruno Fert est photographe documentaire. A partir de 2016 il se lance dans un projet de photographie des intérieurs des refuges où tentent de se poser quelques temps les migrants sur la route de l’exil. Commencé à Calais, il va poursuivre ce travail dans d’autres villes et notamment à Samos en Grèce et à Vintimille en Italie.
Dans un article pour la revue Hommes & Migrations il revient sur sa démarche :
« En 2016, je suis parti à la rencontre des populations migrantes qui franchissent la Méditerranée pour arriver en Europe. J’ai choisi de photographier les intérieurs des abris qu’ils se sont aménagés, le temps d’une étape, au sein des camps réfugiés, des « jungles » ou des centres d’accueil. Ces photographies d’intérieurs de tentes, de cabanes ou de chambres sont accompagnées de témoignages de leurs habitants.
Ce travail raconte l’exil en montrant les intérieurs où vivent les populations migrantes, de leur arrivée en Europe jusqu’à leur installation dans de véritables logements pérennes. J’ai choisi de parler d’eux en montrant leurs habitations car ces abris reflètent leur singularité et leur personnalité. Ils racontent leur vie à un moment difficile et important de leur parcours. Ce qui m’intéresse, c’est la façon dont ces hommes et ces femmes reconstituent un foyer avec les quelques objets qu’ils possèdent, ceux qu’ils gardent tout au long de leur voyage en souvenir de leur vie passée, d’autres qu’ils fabriquent ou achètent pour améliorer leur quotidien, transformer leur refuge et éloigner leur détresse.
Le critique Julien Verhaeghe écrit à propos des photographies d’intérieurs prises par Hortense Soichet à la Goutte d’Or : « Habiter est un geste élémentaire, une conduite fondamentale participant à la production de soi et de son rapport aux autres. Du coup, ce projet photographique nous rappelle qu’Habiter, c’est aussi Être, c’est aussi Vivre. »
Ainsi, habiter est ce que nous avons tous en commun. Que nous soyons nomades ou sédentaires, nous habitons tous. C’est à partir de ce point commun que je veux amener le public à s’identifier, à se mettre à la place de l’autre en observant son lieu de vie.
J’ai commencé cette série de photographies dans la « Jungle » de Calais où j’ai découvert des intérieurs saisissants d’ingéniosité et de beauté. Je l’ai élargie en Europe dans plusieurs lieux où les populations migrantes sont obligées d’interrompre leur voyage pour trouver le moyen de franchir une frontière ou attendre le feu vert d’une administration européenne lente et opaque. J’ai voyagé sur l’Aquarius, face aux eaux territoriales libyennes. Je me suis rendu en Grèce, à Samos, Athènes et Katsikas ; en Italie à Vintimille, puis en France dans des centres d’accueil, chez des particuliers, hébergeurs solidaires, et enfin chez des exilés qui avaient retrouvé des conditions de vie acceptables ».
Hommes & Migrations numéro 1328, 2020 - Lire la suite de l’article
L'ensemble des photographies de la série est présenté ci-dessous :
Informations
Tirage pigmentaire sur papier Hahnemühle 305g contrecollé sur aluminium avec encadrement en chêne clair
H. 80 cm, l. 100 cm
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