Les travailleurs immigrés sont-ils qualifiés ?
Longtemps, les travailleurs immigrés ont été des ouvriers peu qualifiés venus travailler en France pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre. La croissance des emplois tertiaires a entraîné de manière générale une diminution des emplois d’ouvriers et une progression des emplois d’employés et d’encadrement dans l’économie française.
Ces mutations ont eu des conséquences sur l’emploi des travailleurs immigrés plus fortes que pour l’ensemble de la population active : entre 1992 et 2002, la part des ouvriers a diminué de 13,5 points pour les immigrés ayant un emploi contre 1,8 point pour les non-immigrés. De même, les professions intermédiaires ont progressé de manière plus soutenue pour les immigrés (3,5 points contre 1,3 points). Mais les immigrés restent encore surreprésentés dans les emplois non qualifiés. Ainsi, en 2020, 28,5% des immigrés sont des ouvriers et 28,4 % des employés (contre respectivement 19,4% et 26% pour l’ensemble de la population). La part des professions intermédiaires s’élève à 16,6 % et celle des cadres à 17,7% (26,4% et 20,3% pour la population totale). Bien évidemment cette répartition varie aussi en fonction des origines.
Un niveau de formation qui s’est nettement élevé
Cette évolution sensible des catégories d’emplois occupés par les travailleurs immigrés provient également du fait que leur niveau de formation s’est nettement élevé. Si, en 2020, 37,8% des immigrés n’avaient aucun diplôme ou un niveau brevet ou CEP (contre 21% pour l’ensemble de la population), ils étaient 21,7 % à détenir un diplôme supérieur à Bac + 2 (contre 20,2% pour la population totale) et 7,5% à Bac+2 (contre 12,7%). Quatre fois plus d’immigrés détiennent un diplôme d’enseignement supérieur par rapport à 1982. Cette évolution tient à la fois aux niveaux d’études plus élevés atteints par les parents et à la poursuite des études en France de personnes arrivées enfants ou comme étudiants.
À l’avenir, le niveau de qualification des travailleurs immigrés est encore susceptible de croître sous l’effet de la loi du 7 mars 2016 qui crée une nouvelle catégorie de visas et de titre de séjour intitulé « Passeport talent » réservés aux personnes hautement qualifiées.
Mustapha Harzoune, 2022