La grève des travailleurs Sans-Papiers et l'occupation du Palais
Dans le prolongement d’un vaste mouvement de grève des travailleurs sans papiers en Île-de-France débuté en 2009, des travailleurs sans papiers ont occupé la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Soutenus par des organisations syndicales et associatives, ils veulent que leurs revendications gagnent en visibilité dans ce lieu hautement symbolique et appartenant à l’État, dont l’une des missions est de « contribuer à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française ». Pendant trois mois, le Palais de la Porte Dorée devient un lieu de vie. Grévistes, agents, visiteurs : les destins se côtoient, les conversations se nouent. La plupart des travailleurs quittent la Cité sans être encore citoyens, mais en ayant franchi une étape vers la stabilité.
Le mouvement de grève des travailleurs sans papiers
Le mouvement dit des “travailleurs-es sans papiers” s’est structuré à partir du 12 octobre 2009, soutenu par la CGT et un ensemble d’organisations syndicales et d’associations regroupés dans le “Groupe des onze” (CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, LDH, Cimade Resf, Autremonde, Femmes Égalité, Droits devant). Le fond d’objets et de témoignages que le musée a conservé de ce mouvement concerne l’occupation de la Cité (ancien nom du Musée) et comprend des archives du piquet historique (2008/2009) Randstad du 12e arrondissement de Paris (communiqués, publications, videos, films et photos - dont l'occupation des marches de l’Opéra Bastille et celle de la CNHI), des objets recueillis pendant l’occupation et le témoignage de Moussa Diarra délégué du piquet de grève du 30 av Daumesnil.
L’occupation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration
À partir du 7 octobre 2010, le Palais de la Porte Dorée est investi par un mouvement de sans-papiers soutenu par la CGT, qui demandent leur régularisation. Dès le premier jour, environ 500 grévistes, représentant un mouvement de plusieurs milliers de migrants, occupent en continu le bâtiment. L’instauration rapide d’un dialogue et l’effort financier, technique et humain des équipes permettent de laisser ouverts au public la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) et l’Aquarium.
Le 10 novembre, les grévistes reçoivent de la préfecture des récépissés de dépôt de dossier, geste de prise en considération des revendications par l’administration, qui doit débloquer la situation. Dans les faits, le mouvement se renforce et se durcit. Le 30 novembre, l’établissement ferme ses portes aux visiteurs. Le samedi 4 décembre, une réunion permet de trouver un compromis de principe ; l’occupation doit être levée en contrepartie de la mise à disposition d’une salle pendant la journée, pour tenir les réunions d’information et les rencontres que les organisateurs du mouvement jugent utiles.
Malheureusement, cette occupation de jour dérive progressivement : un nombre important de sans-papiers continuent de stationner dans le Palais, visiblement sans logement, et parfois sans espoir de régularisation. Début janvier 2011, les tutelles de l’établissement décident conjointement de mettre fin à l’occupation qui se déroule sans incident.
Elisabeth JOLYS-SHIMELLS, conservatrice en chef du Patrimoine en charge de la collection Témoignages et société
Les parcours des donateurs font l’objet d’entretiens filmés accessibles en ligne. Retrouvez-les sur cette carte :
Informations
papier cartonné et papier imprimé (technique papier/carton-pâte)
H. 20 cm, l. 20,3 cm, L. 15,3 cm