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Kwassa-kwassa
Kwassa-kwassa. Collection du Musée national de l'histoire de l'immigration, Inv. 2024.11.1
© EPPPD-MNHI

Kwassa-kwassa

Les migrations contemporaines à Mayotte

Mayotte est l’une des quatre îles de l’archipel des Comores. En 1974, un référendum sur l’indépendance de cette colonie est organisé sur l’ensemble de l’archipel. Seule Mayotte choisit de demeurer française. En 2011, à la suite d’un nouveau référendum, elle devient officiellement le 101e département français. Frontière avancée de l’Europe dans l’océan Indien, Mayotte connaît depuis des années un afflux de migrants originaires des autres îles des Comores, où la situation économique et sanitaire est critique – plus de 50% des habitants du département seraient étrangers. Enjeux diplomatiques et sécuritaires, difficultés d’accès à l’éducation et à la santé partagées par l’ensemble de la population, font de Mayotte un territoire à part. Dans ce contexte, les autorités ont fait le choix d’y appliquer un droit dérogatoire : les conditions d’entrée et de séjour des étrangers y sont spécifiques, le droit du sol ne s’y applique pas comme sur le reste du territoire national et l’accès à la nationalité est bien plus contraignant.

Aujourd’hui, l’île se retrouve ainsi en position névralgique comme frontière avancée de l’Europe dans l’Océan Indien. Les migrants arrivant sur l’île sont pour la plupart Comoriens : Grande Comore, de Mohéli et Anjouan, dans lesquelles la situation économique et sanitaire est critique. Mayotte représente pour de nombreux habitants des pays voisins l’espérance d’une vie meilleure, notamment pour leurs enfants dont la santé et l’éducation peuvent y être assurés. 
Accusés d’être à l’origine du retard de la départementalisation, de la délinquance, et de la saturation des services, il n’est pas rare qu’ils fassent, comme ceux qui les défendent, l’objet d’actions violentes à la manière de celles qui se sont produites à l’automne 2011, ou plus récemment en mars 2018, lors de la grève générale de Mayotte, période pendant laquelle, l’île a été immobilisé pendant plusieurs semaines. Pourtant, la crise à laquelle l’île fait face est beaucoup plus profonde et ne peut seulement se résumer à la seule problématique des arrivés sur l’île. 

Le fonds collecté par le Musée

  • Un kwassa-kwassa, embarcation utilisée pour le passage illégal de migrants entre Anjouan et Mayotte. Celui-ci a été collecté en collaboration avec le Musée de Mayotte et le Ministère de la justice entre 2022 et 2024.
  • Des témoignages : Quatre récits de migrants collectés en juin 2019 par Yoram Melloul, sous forme d’entretiens sonores et de photographies. 
  • Un entretien filmé avec Marjane Ghaem, avocate spécialiste en droit des étrangers, qui exerce au barreau de Mayotte, en novembre 2023.
     

Parmis les témoignages récoltés, celui Djamadar Archafadi né en 1984 à Mohéli (Comores). À 11 ans, il tombe d’un cocotier et se brise la colonne vertébrale. Il en résulte un handicap sévère, qui lui provoque d’importantes douleurs et l’empêche de bouger ses jambes. Il ne se déplace qu’à l’aide de cannes. Par deux fois, il traverse les 70 km de mer qui séparent l’île comorienne d’Anjouan avec Mayotte dans l’espoir d’accéder à des soins. Dans cet extrait, Djamadar Archafadi raconte son deuxième voyage, effectué en 2018 à bord d’un kwassa-kwassa. Huit autres personnes, ainsi que le passeur et son second, sont à bord de l’embarcation. La traversée dure 9 heures.

Le témoignage de Djamadar Archafadi
récolté par Yoram Melloul en juin 2019
Fichier audio

Elisabeth JOLYS-SHIMELLS, conservatrice en chef du Patrimoine en charge de la collection Témoignages et société

Informations

Inventaire
2024.11.1
Type
Objet
Date
2022
Matériaux

métal, bois, résine synthétique 

Dimensions

H. 155 cm, l. 186 cm, L. 720 cm