Georgia
Ce premier roman de Julien Delmaire, slameur, poète et chroniqueur pour l’Institut français et la revue Cultures Sud, raconte l’amour tragique de deux maudits, deux réprouvés, deux marginaux ; un amour à sens unique et sans issue, sur fond de sexe, d’alcool et de drogue.
Venance est un sans papiers sénégalais, Georgia une junkie, dévalant une pente hantée de démons. Une parenthèse amoureuse pour celui dont la vie est devenue "une embuscade permanente" et pour celle dont la descente aux enfers est "un destin consenti".
Autour de cette rencontre, Julien Delmaire raconte l’enfance africaine et le quotidien des sans papiers. Comme dans Les Renards pâles de Yannick Haenel (Gallimard 2013), il est question ici de manifestations, de luttes, de grèves de la faim, d’Afrique et de papiers d’identité brûlés. Mais la comparaison s’arrête là. Ici tout est sombre, terriblement sombre, le trait est parfois un peu gros. Entre deux images poétiques, viennent se glisser des passages ampoulés et quelques pages de délires oniriques, alcoolisés, hallucinogènes, de violence et de sexe. Rien pour éclaircir le soleil noir des sans papiers (et des autres "exclus du système"). Pas même la fragile lueur d’une parenthèse amoureuse. Pas même la douce mélodie d’une chanson.
Mustapha Harzoune
Julien Delmaire, Georgia, Grasset 2013, 248 pages, 17€.
