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Didier Drogba. De Tito à Drogba

Bande dessinée hagiographique tout à la gloire du célèbre footballeur ivoirien Didier Drogba qui fit le bonheur des clubs (et des supporters) du Mans, de Guingamp, de Marseille et de Chelsea. Gabin Bao, pour les dessins, et Pierre Sauvalle, pour le texte, racontent dans ce premier tome les débuts difficiles du gamin d’Abidjan devenu gloire du football britannique et étoile du continent africain. Riche en couleurs, les dessins privilégient personnages et portraits – à commencer par ceux de Didier Drogba - sur des plans plus larges, à l’exception bien sûr de quelques scènes sur pelouse verdoyante et tirs puissants du maestro. Le texte, volontairement scolaire et moralisateur, se veut pédagogique. 

Cette histoire footballistique commence dans un quartier d’Abidjan, devenu célèbre par delà le continent africain grâce notamment à une autre bande dessinée celle de Marguerite Abouet pour le texte et Clément Oubrerie pour les dessins : Aya de Yopougon. C’est donc à Yopougon que naît en 1978 le petit Didier surnommé par son père "Tito" puisqu’il était appelé à un destin aussi exceptionnel que celui du maréchal yougoslave. Son premier ballon lui sera offert par son père, et très vite, les talents du gamin en feront une des vedettes des terrains vagues – qu’il faut nettoyer avant de jouer – et autre chaussée de la ville.

Pour qu’il puisse suivre une bonne scolarité, les parents décident d’envoyer leur fiston en France, chez son oncle Michel Goba et son épouse. Le tonton tâte lui aussi du ballon rond et encourage son neveu à développer sa passion. A neuf ans, il prend sa première licence au club de Dunkerque, mais ce sera à Levallois que le gamin fera ses classes. Entre temps, en 1991, la famille est venue s’installer en France, loin des troubles qui agitent la Côte d’Ivoire. Pour l’heure, les Drogba partagent à huit un petit appartement à Levallois avant de déménager pour Antony.

Le récit ne s’intéresse pas ou peu aux conditions de vie de Didier Drogba. Peu de choses sur son parcours, ses souvenirs de gosses, sa découverte d’un autre univers culturel ou ses relations – à l’exception de sa rencontre avec Lalla avec qui il aura un premier enfant. Reste que, quand il débarque en France, le gamin est étonné d’être entouré d’autant de Blancs et à l’école il se découvre le seul Noir. L’école justement. On ne plaisante pas avec l’enseignement chez les Drogba ! Au point que le père, qui exige de son fiston de meilleurs résultats scolaires, interdit à son rejeton de jouer à la baballe. Pour pouvoir briller sur les terrains de football, Didier Drogba va donc devoir s’accrocher aux études et, avec la complicité de sa mère et de sa sœur, continuer à s’entrainer… en catimini.

Le récit suit les premiers pas de celui qui deviendra le "meilleur joueur de l’histoire de Chelsea", ses essais à Rennes, son refus - à 17 ans tout de même ! - de rejoindre le PSG et son arrivée au centre de formation du club du Mans. Didier Drogba a alors 19 ans. Il rencontre Kader Seydi (le frère cadet de son futur agent) et, entre deux entrainements, se laisse aller à d’autres passions : boîtes de nuit, fringues et musique rap. Heureusement pour lui - et pour la planète foot -, le jeune homme croise Reginald Ray qui lui recommande de ne pas gâcher ses talents et rencontre un certain Pape Diouf, alors agent de joueurs, qui sera lui aussi de bon conseils.
En 2003, Didier Drogba réalise son rêve de gosse : jouer à Marseille. Il n’y restera qu’une année. En 2004, triste de devoir quitter le Vélodrome, il s’envole pour une autre planète : Chelsea, dirigé alors par José Mourinho. Il brillera chez les "Blues" du quartier londonien de Fulham jusqu’en 2012.
En 2002, Drogba est sélectionné en équipe nationale de Côte d’ivoire, mais le jeune homme, impuissant face au drame qui déchire son pays se dit "meurtri dans sa chair". Didier Drogba, qui deviendra le capitaine des Eléphants ivoiriens, a décidé de reverser les bénéfices des ventes de cet album à sa fondation pour l’éducation et la santé en Afrique. De Tito à Drogba est éditée en France par Esprit Libre Junior, une toute jeune maison d’édition qui a publié en 2010 L'enfant noir de Camara Laye et Camara Anzoumana. Une nouvelle venue dans le monde de l’édition. A suivre donc.

Mustapha Harzoune  

Gabin Bao, Pierre Sauvalle, Didier Drogba. De Tito à Drogba, Tome 1, édition Esprit Libre Junior & 7 Étoiles, 2014, 58 pages, 14,00€.