Loro di Napoli (Ceux de Naples)

"Ceux de Naples" (Loro di Napoli) sont ces étrangers et jeunes Napolitains nés de parents immigrés, eux-mêmes étrangers à cause de la primauté du droit du sang (jus sanguinis) en Italie, qui jouent pour le club.

L’Afro Napoli United n’est pas une association créée pour soutenir les immigrés. Nous sommes bien dans un club de foot. Le coach crie, gronde et pousse ses joueurs à se dépasser comme dans n’importe quelle équipe – peut être plus, car, comme le dira plusieurs fois le presidente, admirable de calme, de gentillesse et d’autorité naturelle, il n’est pas question de continuer à venir jouer si, la veille, on a fait la fête ou si "on a besoin de fumer un joint dès le matin !". Il sait le combat qu’il a mené pour que son club réunisse toutes les conditions pour intégrer le championnat national. Et il n’est pas question, ici, du niveau sportif de ses joueurs, mais d’un enfer administratif. Il a fallu régler des situations rocambolesques, comme celle de Lello, né en Italie sans aucune preuve légale de sa naissance, ou des situations tristement banales d’irrégularité à l’entrée dans le pays, au travail ou à cause de bailleurs qui refusent de délivrer une quittance prouvant la résidence italienne.

Sur le terrain, il est difficile d’oublier le découragement, la précarité matérielle et la solitude de ces vies à la marge. Le mot racisme est peu prononcé dans le film, même si un arbitre peut être accusé, à tort ou raison (le film ne tranche pas, ni ne juge), de favoriser l’équipe adverse pour de mauvaises raisons. Mais les supporteurs militent pour la beauté "de toutes les couleurs" et sont "unis contre le racisme", comme disent leurs banderoles.

Quelques soient les difficultés et les provocations "qui ne manquent pas d’arriver sur le terrain", prévient le coach, les Afro Napoli doivent montrer un comportement exemplaire. Si Pierfrancesco Li Donni les a suivis, c’est que leur victoire ne sera pas seulement sportive, mais aussi en terme d’image : pouvoir enfin raconter des histoires d’immigrés qui gagnent... au nom de leur pays - ville - d’accueil ! Le film milite pour un meilleur accueil des 5 millions de demandeurs d’asile et une réforme du droit de la nationalité, afin de permettre aux enfants d’immigrés "de vivre comme des citoyens italiens, dans leur propre pays".

Catherine Guilyardi