Exposition : art contemporain
Nil Yalter, plasticienne et vidéaste
Ahmet Sel, photographe
Handan Börüteçene, plasticienne
Ces trois artistes, invités par l'association Elele, partagent un sens artistique et des engagements communs : témoigner, transmettre, rechercher, raconter la mémoire de l'immigration, de la réalité créer l’imaginaire, de l’imaginaire faire naître de nouvelles réalités.
« Au travers de ces trois œuvres, Elele conduit le visiteur à découvrir ou mieux connaître l’immigration originaire de Turquie mais surtout lui rappelle qu’il s’agit de paysages humains, contrastés, parfois emprunts de nostalgie, mobiles et toujours sensibles, désormais partie intégrante de la « culture française » » (Gaye Petek, directice de l'association Elele).
Handan Börüteçene, « Conduis toi à moi »
Elle se définit comme une artiste nomade guidée par ses projets artistiques. Elle épouse l’identité de chaque lieu et se met en dialogue avec les espaces. Ses œuvres ne sont pas seulement offertes au regard des visiteurs. Ils sont invités à participer à ses expositions, productrices d’idées et d’émotions nouvelles.
De 2001 à 2009, ses œuvres ont été accueillies au Kunstmuseum de Bonn, à la biennale de Pusan en Corée du Sud, à l’Institut culturel français d’Istanbul, au musée des Arts et d’Histoire de Cholet, à la galerie Nuova Icona à Venise.
À la Cité, elle présente une création inédite, qui met en résonance l’histoire du Palais de la Porte Dorée, l’immigration turque en France, et son propre parcours. « Le lieu m’a parlé en ces mots /Conduis-toi à moi, Toi qui résulte du mélange de ce monde. Apporte-moi tes émotions nées de notre première rencontre, celles qui par la suite inspirèrent chacune de tes œuvres. Apporte-moi un souvenir de mes anciens invités, celui-là même que tu aimes aussi, celui qui nous offre ces 19 visages qui nous regardent alignés, sculptés dans le bois par les paysans Kurimbous. L’histoire de chacun est restée accrochée au loin telle une valise vide. Apportes-moi 19 valises, que chacune renferme la mémoire d’un « autre ». Rapporte-moi tous les instants de tes absences, ces traces du temps que tu vas poursuivre au travers de ces loupes. Ramène-moi mes vieilles chaises, chacune est chargée d’une mémoire différente. Offre-moi ce poème de Rûmi qui commence de ces mots : « Comme il est bon de migrer chaque jour d’un lieu à un autre. Que c’est beau de se poser chaque jour en un nouvel endroit ». Et qui se termine ainsi, me faisant comprendre le goût de ma nouvelle identité : « Tout ce qui est dit appartient à hier. Maintenant, il s’agit d’inventer de nouveaux mots ». Amène moi des gens, que chacun soit un témoin, le conteur du lieu d’où il vient. Apporte-moi tes rêves, qui m’ont fait être toi alors que je vivais encore. Apporte-moi ma propre mémoire, que j’attends d’accueillir tant elle m’a manquée. Apporte-moi tout, un tout fait de chacun des tous des autres. »
Ahmet Sel, Ancrages
Ahmet Sel est l’auteur des ouvrages : Gens de Moscou aux Editions Catleya en 2001, Kaboul, portraits posés et Galop aux Editions Horizon Illimité en 2003 et Istanbul Insanlari Yapi Kredi Yayinlari, Istanbul en 2004. Engagé dans plusieurs projets documentaires à long terme, Ahmet Sel est dorénavant installé à Istanbul.
La série de portraits présentée à la Cité, est l’aboutissement d’une longue collaboration engagée avec l’association Elele pour donner à voir le portrait de l’immigration turque en France.
« Ils sont arrivés en France dans les années 70. Ouvriers autorisés à l’immigration, faux touristes, vrais clandestins, ils ont traversé l’Europe pour une vie nouvelle et naturellement meilleure. Leur but était d’économiser suffisamment d’argent pour s’acheter un tracteur, un appartement, une maison ou un bout de terrain au pays et de rentrer… Seulement les choses ne se sont pas déroulées si simplement ni pour les immigrés originaires de la Turquie, ni pour le pays d’accueil, La France. Année après année, ils se sont habitués au foyers Sonacotra, à la vie dans les « quartiers », à l’exil volontaire ! Ils se sont mariés, ont élevé des enfants. Ils ont été licenciés, réembauchés ailleurs, créé des entreprises et puis devenus de vieux retraités. Aujourd’hui, les enfants poursuivent l’aventure en France. Ils se disent franco-turcs, certains parlent difficilement la langue de leur parent, d’autres n’épousent que des filles ou garçons de leur village anatolien. Mais une chose est sûre, ils ne veulent plus vivre la vie de leur parent ; ils n’acceptent plus le statut d’ êtres transparents, ni d’ombres anonymes. Ils veulent leur place dans la cité. La France est devenue leur pays. Ils se sont ancrés ici ! »
Nil Yalter, « C'est un dur métier que l'exil » III*
*(titre emprunté au poète turc Nazim Hikmet)
Nil Yalter participe actuellement à l’exposition elles@centrepompidou, artistes femmes dans les collections du Centre Pompidou. Plasticienne et vidéaste installée à Paris depuis 1965, elle réalise des vidéos et des installations multimédias depuis 1973. Ses œuvres ont été exposées en France, en Turquie, aux Etats-Unis, au Brésil et en Allemagne. Elles font partie des collections permanentes du Centre Pompidou, du Long Beach Museum of Arts de Californie et du Centre d’art contemporain Santral Istanbul. Nil Yalter travaille autour des thématiques de l’identité, l’immigration ou encore la féminité.
En 1977, dans le cadre de la X° biennale de Paris, elle réalise l’installation Travailleurs turcs à Paris. En 1983, sa deuxième exposition personnelle au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris est intitulée … C’est un dur métier que l’exil …. En 2004, un hommage lui est rendu pour l’ensemble de sa carrière au 26ème Festival de Cinéma Méditerranéen de Montpellier.
Pour la carte blanche à l'association Elele, Nil Yalter propose une installation synthétisant l’ensemble de ses travaux sous l’angle de l’immigration turque en France. « Dans ma démarche, j'essaie de confronter une réalité : la vie quotidienne des travailleurs immigrés, à une recherche sur leur culture d'origine : l'ethnologie et les mythes, la poésie et les croyances populaires. Le reportage et la fiction s'entremêlent dans une recherche plastique autour d'un nouveau langage de l'image, utilisant les nouvelles technologies. La vidéo, la photo, le dessin et le texte sont les éléments interactifs de ce travail multimédia."
Informations pratiques
Exposition du 13 octobre au 22 novembre 2009
Hall Marie Curie / entrée libre
Rencontre et visite-conférence avec les artistes animées par la revue Area le 17 octobre à 15h
Auditorium / gratuit sur réservation mail)
En savoir plus
Pour en savoir plus sur cette programmation, consultez la page Carte blanche à Elele et les Ressources autour des expositions