Une histoire sans fin ?
Conférence de Paul Schor, maître de conférence en histoire américaine, Université Paris Diderot
En 1958, le sénateur John F. Kennedy publia un texte resté célèbre, A Nation of Immigrants. Pourtant, au moment où le futur président des États-Unis écrivit ce texte qui valorisait l’immigration, le pourcentage d’Américains nés à l’étranger atteignait son plus bas niveau depuis le premier recensement de ce type de données au milieu du XIXe siècle.
En 1965, les États-Unis ouvraient à nouveau largement leurs portes, dans le prolongement des lois sur les droits civiques. Pourquoi l’ouverture aux migrants s’est-elle imposée à ce moment-là, après quatre décennies d’un sévère contrôle des entrées ? Est-ce que l’immigration était mieux acceptée, parce qu’elle semblait appartenir à un passé révolu ?
Pour comprendre pourquoi, aujourd’hui, une partie des enfants et petits-enfants d’immigrants - le grand-père de Donald Trump était un immigrant allemand – veulent à nouveau fermer la porte aux nouveaux immigrants, il est utile d’en revenir aux origines. Dès les années 1870-1890, puis dans les années 1920 et aujourd’hui encore, l’opposition entre la (bonne) immigration du passé et la (mauvaise) immigration du présent a toujours été un argument essentiel aux Etats-Unis, pour légitimer le contrôle des entrées d’immigrants.