La fabrique du citoyen
Depuis plus de vingt ans, le Haut Conseil à l’intégration aborde les grandes questions relatives à l’immigration à partir des travaux universitaires et de l’audition de personnes qualifiées. On lui doit notamment une définition de l’intégration qui fait référence.
En 1991, le HCI insistait sur le caractère interactif et participatif de l’intégration, en la présentant comme “un processus spécifique (qui permet) de susciter la participation active à la société nationale d’éléments variés et différents, tout en acceptant la subsistance de spécificités culturelles, sociales et morales et en tenant pour vrai que l’ensemble s’enrichit de cette variété, de cette complexité”.
Dans ce dernier dossier de 2011, la revue ouvre un espace de débat animé par Gaye Petek et Alain Seksig, membres du comité de rédaction de la revue et intervenants du HCI.
Différentes personnalités commentent les propositions du HCI sur les deux leviers fondamentaux du processus d’intégration que sont l’école et la société d’accueil. Il ne faudrait pas oublier les responsabilités de la société française dont le regard sur les populations immigrées, notamment extra-européennes, est parfois un frein à l’intégration. Mettre en avant l’attitude de la France face aux migrants et les processus de discrimination nous oblige à inverser le regard et à privilégier une interrogation sur “la fabrique du citoyen”, pour reprendre le titre de Vincent Tiberj et Patrick Simon sur les rapports des migrants au politique en France dans l’enquête Trajectoire et Origines (TeO) de l’Ined et l’Insee initiée en 2008 et encore peu diffusée auprès de l’opinion française. La société française semble de nos jours moins capable d’intégrer tous les segments de sa population, quelle que soit leur origine. La rédaction remercie chaleureusement les illustrateurs d’avoir apporté leur coup de crayon où se mêlent humour et poésie pour accompagner les articles.
En 2012, la revue propose d’explorer la manière dont les relations entre les sociétés française et algérienne ont construit un destin commun à partir des migrations entre les deux pays. Chacun des deux dossiers analysera les mutations de la société – française puis algérienne – à la lumière de ces migrations multigénérationnelles.
Par ailleurs, la revue initie une nouvelle collaboration avec les instituts français de recherche à l’étranger qui sera poursuivie à l’avenir. En collaboration avec le Centre d´études mexicaines et centraméricaines (CEMCA), elle publiera un dossier sur la place du Mexique dans les migrations internationales qui explorera les recompositions de ces migrations dans la globalisation, les logiques engendrées par les frontières et leurs traversées par les migrants, la question des droits de l’homme et de la clandestinité, et les productions de savoirs et de cultures transnationales qui émergent de ces migrations.
À l’occasion de l’exposition des collections d’art contemporain, J’ai deux amours, de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, un dossier analysera les représentations des phénomènes migratoires à travers la création contemporaine.
Enfin, la revue s’intéressera à l’engagement civique et politique des femmes d’origine étrangère et de culture musulmane en comparant les processus de mobilisation collective qui se structurent en Grande-Bretagne et en France.
Nous espérons que ce programme éditorial suscitera l’intérêt des lecteurs.