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Rroms et migrations : l’usage des mots question

Les notions de Rroms et de migrations sont si indissociablement liées dans l’imaginaire européen qu’il semble utile, en cette année marquant le millénaire du départ des ancêtres des Rroms de l’Inde du Nord (1018-2018), de présenter une mise au point sur les périodes de mobilité et de stabilité de ce peuple au cours de l’histoire pour confronter ainsi la réalité historique avec les représentations produites par nos sociétés.
L’histoire des mouvements étant étroitement associée à celle des noms donnés aux Rroms, une analyse des trois principaux termes utilisés pour les désigner s’avère nécessaire – les autres désignations comme « Bohémiens », « Caraques », « Camps-Volants » et autres présentant bien moins d’intérêt dans la perspective de la présente contribution. Nous excluons par ailleurs ici les appellations de « nomades », « voyageurs » (et « Voyageurs ») ou « gens du voyage (GdV) » car ils ne désignent pas les Rroms en tant que peuple – sédentaire de nos jours à 98 % au niveau européen – mais une classe technique de citoyens menant un mode de vie mobile, toutes origines confondues.
Les trois termes dont nous allons tenter de décrire l’histoire sont l’endonyme « Rrom » et les deux exonymes « Tsigane » et « Gitan ». Même si, pour la plupart des Européens, il semble possible d’interchanger allégrement ces trois mots, ils ne recouvrent pas les mêmes réalités dans les faits.