Les migrants en bas de chez soi
Entretien avec Isabelle Coutant, sociologue au CNRS (Iris), auteure de Les migrants en bas de chez soi (Seuil, 2018)
Cet ouvrage entre en résonnance avec une première recherche, menée en 2000, qui portait sur un squat de sans-papiers dans le nord de Paris : je m’étais alors interrogée sur les dynamiques qui font qu’un voisinage tolère ou non une telle situation, pour saisir le squat comme révélateur d’enjeux locaux(1). À cette occasion, j’ai pu rencontrer un certain nombre de jeunes issus de l’immigration, autour de la problématique du rapport à l’autre. J’ai ensuite prolongé cette thématique avec ma thèse(2), en étudiant dans plusieurs communes du Val d’Oise l’intolérance à l’encontre des «incivilités», ces petites nuisances du quotidien. Cette thématique était très en vogue au début des années 2000, puisqu’on importait à l’époque la politique de «tolérance zéro» de New-York, et ce à droite comme à gauche.