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La Nuit de l’étranger

Satem est un jeune tunisien qui a immigré en France, il y a sept ans déjà. Allongé sur sa couche dans sa petite chambre parisienne, il feuillette son carnet d’adresses. Et au fil des pages, il donne voix à des compagnons d’exil…

Satem est un jeune tunisien qui a immigré en France, il y a sept ans déjà. Allongé sur sa couche dans sa petite chambre parisienne, il feuillette son carnet d’adresses. Et au fil des pages, il donne voix à des compagnons d’exil : « A » comme Achhab Hamouda, venu en France pour des raisons médicales, qui a travaillé dans la restauration avant de passer au bâtiment, « G » comme Gharsallah Souad surnommée la « putain de Belleville » mais que Salem avoue avoir aimée, ou encore « T » comme Talibi Adel, veilleur de nuit dans un hôtel. Si certains, comme Adel, ont voulu quitter la Tunisie ou leur famille, « quand je suis parti à mon tour, j’ai compris ce que signifiait véritablement l’exil, j’ai pensé qu’on n’émigrait pas pour partir vers un lieu mais pour fuir un lieu », d’autres, comme Hamouda et sa femme, continuent à penser qu’ils rentreront chez eux un jour et que cette vie n’est qu’une parenthèse. A travers ce roman emprunt de nostalgie, Habib Selmi évoque, avec pudeur et subtilité, « le déchirement de l’émigration » et raconte, sans pathos, les désillusions, les sacrifices et les blessures de ceux qui sont partis comme de ceux qui sont restés. Maya Larguet
La Nuit de l’étranger, Habib Selmi, Actes Sud, mai 2008, 190 pages, 19 euros