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Slumdog Millionnaire

Commençons par la fin. Lorsque le film de Danny Boyle s’achève par un débordement de foule chantant et dansant sur les quais de Victoria Station, le public exulte et tarde, comme à regret, à quitter la salle. L’adaptation par Simon Beaufoy du best -seller de Vikas Swarup Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire semble vouée au même succès...

Commençons par la fin. Lorsque le film de Danny Boyle s’achève par un débordement de foule chantant et dansant sur les quais de Victoria Station, le public exulte et tarde, comme à regret, à quitter la salle. L’adaptation par Simon Beaufoy du best -seller de Vikas Swarup Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire(éd- 10/18) semble vouée au même succès. Jamal Malik, adolescent des quartiers pauvres (Slumdog) de Mombay (Bombay) –l’excellent Dev Patel dans le rôle adulte-, va gagner 20 millions de roupies en empochant le jackpot de la populaire émission de télé transmise en direct Who Wants to be millionaire. La version indienne du jeu de TF1 est présentée avec la gouaille canaille d’un Jean-Pierre Foucault local, interprété, selon toute vraisemblance par Anil Kapoor, star de Bollywood. Le concept qui a fait ses preuves dans le monde entier, provoque à mesure que l’on approche de la finale, un engouement colossal, encore plus par la personnalité du lauréat que par la somme pharamineuse engagée, mêlant dans une ambiance électrique survoltée tous les thèmes dont raffole le public local : l’amour, la jalousie, l’argent, la gloire, le crime, la violence, la musique, la danse…. Jamal n’est pas un fort- en- thème au savoir encyclopédique. C’est un orphelin qui sait tout juste lire et qui a assisté avec son frère Selim (Madhur Mittal) au massacre de leur mère lors d’un pogrom perpétré par des fanatiques hindous, condamné depuis à la survie douloureuse des enfants des taudis (les slumdogs) ; un univers de misère et de brutalité à l’ombre du Taj Mahal. C’est de ce quotidien dramatique qu’il tirera les enseignements nécessaires pour fournir des réponses parfois ardues, en tout cas hors de portée d’un concurrent ordinaire, simple serveur de thé dans un centre d’assistance téléphonique. Amplifié par le tintamarre médiatique, son triomphe insolite finira par éveiller les suspicions policières (excellente prestation de Irrfan Xhan dans le rôle du commissaire). Ainsi, à chaque question, dans un crescendo dramatique effréné, où se déchaîne la grande habileté de mise en image et de découpage du chef opérateur Anthony Dod Mantle, se succèdent des flash-backs retraçant vingt ans de l’histoire sociale indienne, leur incidence sur la vie des deux frères et de leur petite amie Latika (Freida Pinto) et à l’évidence, innocentent Jamal. Il n’a pas eu besoin de tricher, ni d’avoir recours au coup de fil d’un ami, ou à l’avis du public, ou au 50/50. Il savait, par expérience, que Benjamin Franklin figure sur les billets de 1OO dollars. Il connaissait le nom du 3ème mousquetaire dans le roman d’Alexandre Dumas (Aramis pour ceux qui, sans être Indiens, l’auraient oublié !). Il suffit parfois de vivre pour savoir. Ce film est une réserve d’optimisme. André Videau Cette chronique du film Slumdog Millionnaire - meilleur film de la 81e cérémonie des oscars édition 2009- a été rédigée quelques semaines avant sa nomination pour la rubrique « Cinéma » du prochain dossier de la revue Hommes & Migrations, éditée par la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. La publication du dossier est prévue le 15 mars 2009. Nous vous invitons à le découvrir.
Réalisé par Danny Boyle Film anglo-indien Genre : Comédie dramatique Durée : 2h Année de production : 2008 Date de sortie : 14 janvier 2009 Distribué par Pathé Distribution