1999 – 2002 : Sangatte et le droit d’asile

Hommes et Migrations, n°1238, juillet-août 2002

Alors que la situation migratoire de l’Europe et du monde se complique et suite aux accords de Schengen, la région de Calais devient, à la fin des années 1990, une des frontières de l’Europe. Les pouvoirs publics décident en 1999 d’ouvrir un lieu d’accueil pour les migrants bloqués à Calais où ils vivent dans le plus grand dénuement. Ce "hangar" s’avère très vite insuffisant. Au début des années 2000, la presse commence à s’intéresser à ce qui se passe vraiment dans les jungles de Calais-Sangatte. Le 5 novembre 2002, trois ans après son ouverture, le hangar ferme ses portes sans avoir résolu la situation.

"Les frontières du droit d’asile" est un dossier d’Hommes et Migrations publié quelques mois avant la fermeture du hangar en juillet-août 2002 (n°1238). A une époque où les "zones grises" se multiplient en Europe, la revue s’interroge sur le statut des réfugiés créé en 1951 lors de la Convention de Genève et enquête sur le terrain auprès des réfugiés et des acteurs sociaux sur les conditions d’obtention du statut de réfugié.

Il apparaît que ces accords, et ceux de Dublin signées en 1990, "établissant une solidarité entre les pays européens dans le traitement de l’asile" ne sont plus à même de suivre les hausses de demandes d’asile (Catherine Wihtol de Wenden, La crise de l’asile ). Les États de l’Union européenne sont incapables de s’accorder et chacun tente de se décharger de son lot de migrants : "consigne avait été donnée par le ministère de l’Intérieur de ne pas délivrer d’information sur les procédures (concernant le droit d’asile) en France" alors que les Britanniques exigeaient des Français qu’ils examinent "les demandes d’asile des migrants qui transitent à Sangatte". Et aux Français de "faire mine de satisfaire les exigences britanniques", Sangatte devenant ainsi le hangar emblématique de ce laisser-aller et le reflet de la politique de droit d’asile de l’Union européenne.

L’enquête montre également comment "la vie dans le camp est rythmée par les repas, servis au fond du hangar, et pour lesquels les étrangers hébergés commencent à former une file d’attente plus d’une heure avant le service, car la distribution est longue, et par le moment du départ vers Calais, à la nuit tombante, pour ceux qui vont tenter leur chance ce soir-là. On attend aussi pour les douches, pour laver son linge, pour se faire soigner à l’infirmerie. On attend, car il n’y a rien d’autres à faire" décrit Violaine Carrère, membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).

Ces migrants n’attendent qu’une chose, passer en Angleterre. Tandis que des deux côtés de la Manche les autorités françaises et britanniques se renvoient la balle. "Chaque État cherche à se délester du fardeau de son voisin, en durcissant sa législation ou ses conditions d’accueil, et en cherchant à dissuader ceux qui sont majoritairement perçus comme des «clandestins», des «indésirables»".

Clotilde Barral

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Hommes et Migrations, n°1238, juillet-août 2002
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A l’occasion du jubilé de la revue Hommes & Migrations, le Musée national de l’histoire de l’immigration présente les archives de la revue à travers 15 dates marquantes de cette histoire (accéder à la chronologie).