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Loi Darmanin, un parfum de déjà vu

Comme le répète la presse, la loi présentée en ce début d’année 2023 par le ministre Darmanin « sera la 29e loi sur l’immigration depuis 1980 ». 29 lois en 43 ans, soit une tous les 17 mois. De deux choses l’une, ou cela traduit une passion pour l’objet « immigration » ou cela trahit des ratés dans le mécanisme politico-législatif, « une anomalie » selon Le Monde (7 décembre) à savoir « la non- exécution massive des lois » et « une hypocrisie », entendre l’emploi « d’étrangers exploités car sans papiers ».

 

historien, analyste et critique de la littérature arabophone et arabo-francophone

Il est un fait que, depuis 1980, et même depuis 1972 et les circulaires Fontanet-Marcellin, la législation court dans le même sens : durcir les lois en matière d’immigration et celles relatives au droit d’asile, toujours plus rigoureuses, et parfois humainement plus cruelles. Sur ce point, voir :« Le “gâchis” des obligations de quitter le territoire prises contre des jeunes apprentis » (Le Monde, 30 juillet 2022) ou « Le malheur des exilés enfermés au centre de rétention de Vincennes » (streetpress.com, 6 septembre). Le 7 novembre, 26 associations adressaient une lettre publique à Élisabeth Borne dénonçant un « futur projet de loi » fondé sur la « stigmatisation et les raccourcis assimilant immigration et délinquance ». « Nous estimons problématique que la politique migratoire ait été réduite, au fil des années, à une dimension strictement sécuritaire » (L’Obs).