Les réfugiés chiliens
À l'occasion des 50 ans du coup d'État du général Pinochet (le 11 septembre 1973) et de l'arrivée des réfugiés chiliens, nous vous proposons un dossier centré sur des portraits et des témoignages de réfugiés chiliens et d'acteurs associatifs ayant participé à l'accueil des réfugiés.
Articulé en trois parties, le dossier revient sur le difficile moment du départ (le coup d’État, les dangers encourus, la décision de quitter le pays et l’arrivée en France), sur la politique d’accueil organisée par la France (qui à cette occasion a mis en place un ensemble de dispositifs nouveaux pour l’époque) et sur certaines des difficultés de l’exil, notamment la question du retour.
1. L'arrivée des Chiliens
Témoignages
Cristina Diaz Vergara et Manuel Tavares sont deux donateurs du Musée national de l’histoire de l’immigration. Ils racontent ici les jours qui ont suivi le coup d'État et reviennent sur les raisons qui les ont poussés à partir, les conditions de ce départ et leur arrivée en France.
Galerie de portraits
Victor-Hugo Iturra Andaur : "On ne retrouve pas ce qu’on a perdu"
Victor-Hugo est né en 1951 à Coronel, près de Tomé, dans le sud du Chili. Membre du MIR (mouvement pour une gauche révolutionnaire) il est arrêté en 1974 par les militaires. Contre sa volonté, il est expulsé en 1976 par le régime chilien. Il trouve refuge en France, il y fera sa vie.
Hugo et Maria-Elena, Allan, Angelica, Mauricio.
5 portraits de chiliens racontant le coup d'État, leur départ du Chili et leur arrivé en France, réalisés par l'association Regarde !
2. L'accueil des réfugiés chiliens en France
Marie-Christine Volovitch-Tavarès, historienne, Geneviève Jacques, ancienne présidente de la Cimade, et Natalie Gruer, ancienne responsable du foyer de Fontenay-sous-Bois, reviennent sur la politique d'accueil mise en place par la France à l'occasion de l'arrivée des réfugiés chiliens et décrivent les dispositifs proposés par les associations à cette occasion. Elles reviennent notamment sur l’organisation de la vie dans deux foyers d’accueil pour réfugiés chiliens en Île-de-France, celui de Massy (Cimade) et celui de Fontenay-sous-Bois (Mission de France).
3. L'après Pinochet : rester en France ou retourner au Chili ?
Hijos del exilio : les enfants de réfugiés chiliens entre le Chili et la France
Éric Facon est photographe. Après plusieurs années passées entre l’Amérique du Sud et l’Europe, il réalise en 2003 la série Hijos del exilio (Enfants de l'exil) : entre Paris et Santiago il rencontre des enfants d’exilés chiliens devenus jeunes adultes. Il réalise un ensemble de 23 portraits photographiques et recueille leur parole. Dix ans plus tard, il les retrouve et les réinterroge. « En 2003, ils avaient entre 20 et 30 ans, l’âge où l’on commence à faire des choix. Pendant que je les prenais en photo, nous avons parlé du sentiment d’être fille ou fils de l’exil, d’être franco-chilien, de parler deux langues, d’avoir une double culture, et un double horizon. Ils m’avaient parlé de l’histoire douloureuse de leurs parents et de leur enfance (…). En 2013 je les ai retrouvés, en France, au Chili, ou ailleurs. Je leur ai posé de nouveau les mêmes questions en essayant de noter ce qui avait pu évoluer en eux. Certains sont restés (ici ou là-bas), d’autres sont partis, et parfois revenus » (Éric Facon).
L’ensemble de la série photographique fait partie des collections du Musée national de l’histoire de l’immigration. L'ensemble des photos et des textes ont été publié par les éditions Créaphis (Hijos del exilio / Enfants de l’exil, photographies d'Éric facon et texte de Diego Olivares, éditions Créaphis, 2013).
Les retornados : portraits de Chiliens retournés vivre au Chili
Ces deux portraits ont été réalisés par l'association Voix machine pour l'exposition Traversées qui donne à entendre et à voir le témoignage d'anciens exilés politiques chiliens racontant leurs expériences de retour à leur terre natale. Ils ont été réalisés à Santiago en 2019 à un moment assez particulier puisque le Chili connait alors un important mouvement social. Chaira et Hilda y racontent leur ré-installation au Chili, les difficultés du retour et évoquent ce que ce nouveau mouvement social au Chili réveille en elles.
Les films réalisés par Voix machine pour Traversées ainsi que ceux d'un précédent projet Locutorio migrante (série d'entretiens avec des exilés latino américains accueillis dans les années 70 à Fontenay-sous-Bois) sont visibles en ligne dans un webdocumentaire (accéder au webdocumentaire).
Pour aller plus loin
Pour compléter ces portraits et témoignages, nous vous proposons une série d'articles en ligne de sociologues et d'historiens.
Revue Hommes & Migrations
En 2013, à l'occasion des 40 ans du coup d’État, la revue du Musée sortait un numéro consacré au réfugiés chiliens. Le dossier retrace les étapes et les caractéristiques de cette migration chilienne en France en analysant les profils sociologiques des exilés et les conditions d'accueil qui leur ont été proposées à leur arrivée par les pouvoirs publics et les associations. Des articles explorent différentes facettes de leur installation dans une situation d'exil qui se prolonge, se transmet à leurs enfants et incite certains à un retour au Chili à la fin des années 1980. La région grenobloise est retenue comme territoire d'observation. Cet exil chilien donne lieu également à un formidable développement culturel et artistique, dans lequel la littérature occupe une place essentielle.
Accéder aux articles du dossier
À l'occasion des 50 ans du coup d’État, la revue a recensé dans ses archives les articles qu'elle a consacré au Chili depuis les années 90 jusqu'à nos jours et librement accessible en ligne.
Accéder à cet "écho des archives" sur l'exil des Chiliens
Dossier thématique
Les exilés chiliens en France : approche sociologique, article de Nicolas Prognon, enseignant, chercheur (septembre 2013), auteur de Les exilés chiliens en France, entre exil et retour (1973-1994), EUE, Saarbrücken, 2011.
Dossier réalisé par Anne Volery en collaboration avec l'association Voix machine, l'association Regarde !, Marie-Christine Volovitch-Tavares et Manuel Tavarès. Le Musée remercie mesdames Cristina Diaz Vergara, Geneviève Jacques et Natalie Gruer pour leur témoignage.