Archives

Fille noire, fille blanche

Milieu des années 70. Genna Meade, 18 ans, entame des études au prestigieux Schuyler College que son grand-père, investi dans le mouvement anti-esclavagiste, a fondé. Issue d’une famille bourgeoise qui a défendu les droits des minorités mais a toujours vécu à la marge, la jeune fille blanche se réjouit à l’idée de partager sa chambre d’internat avec une Noire, Minette Swift, étudiante boursière et fille de pasteur…

Milieu des années 70. Genna Meade, 18 ans, entame des études au prestigieux Schuyler College que son grand-père, investi dans le mouvement anti-esclavagiste, a fondé. Issue d’une famille bourgeoise qui a défendu les droits des minorités mais a toujours vécu à la marge - le père, avocat, est un activiste controversé et la mère, vaguement hippie, a largement abusé de drogues - la jeune fille blanche se réjouit à l’idée de partager sa chambre d’internat avec une Noire, Minette Swift, étudiante boursière et fille de pasteur. « Dès le début, Minette fut une énigme pour moi. Un mystère et un éblouissement ». L’adolescente, qui se sent coupable d’être née dans un milieu favorisé et dans une « peau blanche » cherche par tous les moyens à se faire aimer de sa camarade, en qui elle voit le symbole de l’oppression. « Je me demandais si c’était raciste : attendre de n’importe quel Noir qu’il soit plus pénétrant que n’importe quel Blanc (…) ? Ou bien un Noir pouvait-il être aussi buté, aussi aveugle, que n’importe quel Blanc ? » En effet, Minette se révèle indépendante, égocentrique, orgueilleuse. « Je crois qu’à ses yeux je ne suis qu’une fille blanche, je ne serais jamais une sœur ». La jeune fille noire finit par s’attirer l’antipathie du campus et devient la cible d’actes racistes jusqu’à ce qu’un drame survienne. Avec Fille noire, fille blanche, Joyce Carol Oates livre une chronique adolescente sur l’engagement avec, en pointillé, une réflexion sur les tensions raciales de l’Amérique. Mais, au final, ce roman psychologique ne passionne pas. En cause : un manque de rythme, une intrigue qui peine à se déployer et une structure qui finit par se révéler bancale. Maya Larguet
Joyce Carol Oates, Fille noire, fille blanche, Philippe Rey éditions, 2009