Insertion et participation dans la société française
Les migrations Est et Sud-asiatiques en France sont marquées par des stratégies résidentielles et entrepreneuriales qui contribuent à remodeler en profondeur le paysage du commerce ethnique. L’exemple de Paris et de l’Île-de-France révèle comment la préservation et le développement de pratiques de consommation liées aux pays d’origine épouse les logiques de transformation urbaine à l’œuvre dans la capitale. Sur le plan de la culture et des valeurs, les communautés asiatiques tentent de recréer des espaces de socialisation qui permettent de maintenir vivantes leurs identités et leurs cultures en migration.
Immigration et gastronomie. La cuisine asiatique
Le Huu Khoa, in Hommes et Migrations, n° 1105, 1987, pp. 40-43
« L’espace alimentaire » est l’une des manifestations les plus visibles de la présence des communautés immigrées du Sud-Est asiatique en France. Cette visibilité répond à l’exigence alimentaire de populations qui ont su développer depuis le milieu des années 1970 des réseaux internationaux d’importation de produits. Tout en nourrissant l’engouement pour les cuisines asiatiques, cette offre permet aux Asiatiques de pérenniser en migration des pratiques traditionnelles comme la consommation de plats végétariens liée à la religion bouddhique.
« L’originalité » asiatique
Jacques Barou, in Hommes et Migrations, n° 1134, 1990, pp. 13-16.
Loin du stéréotype de l’Asiatique mystérieux, protégeant ses rites et ses traditions du regard de l’étranger, la préservation de la culture d’origine s’exprime de manière tout à fait originale parmi les populations asiatiques résidant en France. L’insertion sociale, la réussite économique, se double d’une quête identitaire d’autant plus vitale que les traditions sont pour la plupart niées dans les pays d’origine et que la terre d’exil devient ainsi le seul lieu où peut s’exprimer la culture ancestrale.
Les Asiatiques : immigrations et représentations
Yu-Sion Live, in Hommes et Migrations, n° 1168, 1993, pp. 31-37.
Le mouvement d’immigration des Asiatiques dans le « quartier chinois » de Belleville a commencé dans les années 1960, avec l’apparition de premières activités économiques. Le secteur de la restauration concentre les enjeux économiques les plus importants, ce qui n’est pas sans créer des tensions avec les autres groupes ethniques qui précèdent dans ce quartier populaire et vivent cette concurrence avec leur offre culinaire comme un empiètement sur leur territoire.
Aubervilliers sur Wenzhou, ou la transformation du Grand Paris par les entrepreneurs chinois
Ya-Han Chuang, in Hommes & Migrations, n° 1320, 2018, pp. 51-58
Situé aux portes de Paris, le quartier de la Haie-Coq à Aubervilliers (93) est devenu en une vingtaine d’années un centre commercial international dédié au commerce de gros et de demi-gros, allant des habits aux chaussures, en passant par les petits accessoires comme les bijoux fantaisies. Créé par des Chinois de Wenzhou, ce véritable carrefour du textile en Europe a permis de dresser des passerelles diplomatiques et économiques entre la Chine et la ville d’Aubervilliers, tout en assurant à ce quartier une position commerciale privilégiée à l’heure du Grand Paris.