Exiliados. Le refuge chilien en Isère. 1973-2013

La première partie de l’ouvrage est axée sur l’exil des chiliens en général et plus particulièrement sur leur arrivée en Isère : Franck Gaudichaud ouvre le catalogue en dressant un portrait du Chili des années 70 (l’arrivée au pouvoir de Salvador Allende, les réformes qu’il entreprend, le coup d’Etat du général Pinochet et la mise en place de la dictature). Nicolas Prognon ouvre ensuite le dossier des exilés et brosse un tableau des différents flux migratoires des chiliens à partir de 1973.

La deuxième partie analyse plus particulièrement l’arrivée et la situation des chiliens en Isère : Jacques Barou et Abdellatif Chaouite reviennent sur l’accueil réservé aux réfugiés chiliens, et notamment sur les dispositifs mis en place par les associations d’aide aux réfugiés et les politiques, ainsi que sur les profils de ces réfugiés. Marita Ferraro développe la question des profils et des trajectoires des réfugiés et Anouchka Hardy revient sur l’histoire des deux principaux lieux d’accueil à Grenoble : le foyer de la rue Emile-Gueymard et le centre d’hébergement de la Villeneuve.

La troisième partie de l’ouvrage nous emmène dans le Chili d’aujourd’hui pour suivre le devenir de ces réfugiés : Fanny Jedlicki aborde la question du retour (ce qu’il signifie pour les réfugiés et les difficultés qu’il engendre). Manuel Antonio Garreton analyse les évolutions politiques du Chili depuis 1988 et la difficile démocratisation du pays. Il ouvre la question, poursuivie dans les articles de Roberto Garreton et Ricardo Brodsky Baudet, des différentes mémoires sur la dictature et ses crimes (Pinochet est mort en 2006 sans avoir été condamné par la justice chilienne) qui cohabitent plus ou moins dans le Chili d’aujourd’hui. La société chilienne est encore dans une période charnière qui voit s’affronter des mémoires opposées or, comme le montre R. Baudet, la question de l’écriture de l’histoire ouvre celle du vivre ensemble et, avant elle, celle de la lecture que l’on fait de l’histoire celle de la société que l’on veut construire.

Voilà donc, à partir d’une approche locale, un panorama très complet sur l’histoire des réfugiés chiliens accrochant des questions aussi « globales » que celles de l’exil, du retour, de l’opposition des mémoires et de l’écriture de l’histoire.