3Problématiques actuelles de la frontière
Dans cet entretien Michel Agier revient sur la notion de frontière et sur ses significations du point de vue de l’anthropologie. Car si du point de vue de la géopolitique, la frontière sépare, du point de vue de l’anthropologie elle est le lieu de la relation à l’autre.
Or nous sommes aujourd’hui dans une situation de crispation autour des frontières ; crispation née, entre autres, d’un paradoxe : d’un côté nous assistons à une ouverture du monde (avec une circulation des hommes, des marchandises, des idées, des images) et de l’autre s’accentue une véritable inégalité dans la mobilité. Si matériellement la frontière est la même pour tous, son impact est différent selon les personnes et leur provenance.
Ces crispations ont notamment pour conséquence la création de nouveaux lieux frontières que sont les camps de réfugiés, les centres de rétention (ou encore les camps informels comme les "jungles" et les "ghettos") qui bloquent et maintiennent dans une situation d’"exception" un nombre de plus en plus important de personnes.
A travers la "crise migratoire" c’est bien la question de la relation à l’autre qui est posée et, à travers elle, celle des formes que peut prendre la mondialisation et celle de l’adaptation des Etats-nation à cette évolution.
Entretien
- Comment peut-on définir la frontière ?
Ecouter la réponse (5min17)
- Pouvez-vous expliciter, du point de vue de l'anthropologue, la différence entre les murs et les frontières ?
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- Quelles formes prennent les frontières aujourd'hui ?
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- Dans vos travaux vous parlez des "lieux frontières" (et notamment des camps comme exemple de lieux frontières), pouvez-vous développer ?
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- Qu'est-ce qui se joue dans ces lieux frontières ?
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- Que montrent les crispations actuelles autour des frontières et des migrants ?
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- Pour conclure, peut-on revenir sur une citation tirée d' Un monde de camps : "maintenu là, dans l'inachèvement d'un parcours de mobilité, il [l'étranger] n'est ni immigré ni émigré mais suspendu en migration".
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Propos recueillis par Anne Volery (entretien réalisé le 29 septembre 2015)