Les podcasts de L’UniverCité – saison 2014-2015

Un cycle de conférences qui interroge l'histoire de l'immigration et la confronte aux débats de notre temps.

Vous trouverez sur cette page les podcasts des conférences de la saison 2013-2014 de L'UniverCité. Pour en savoir plus sur L’UniverCité, consultez la page du site consacrée à la programmation.

Une sociologie de la révolution coloniale. Abdelmalek Sayad et Pierre Bourdieu en Algérie

Conférence d’Amín Pérez, IRIS - École des hautes études en sciences sociales. Animée par Stéphane Beaud, Université Paris Ouest La Défense. Mardi 24 mars 2015
La période de la guerre d’indépendance en Algérie a redonné ses lettres de noblesse à la figure de l’intellectuel intervenant sur la scène publique. Dans ce contexte historique qui voit s’affronter des analyses contradictoires sur le devenir de la situation coloniale, un enseignant normalien et un instituteur militant entament un travail en commun depuis leur rencontre dans les salles de l’Université d’Alger en 1958 : Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad. Leur collaboration a pour matière première le réel et la condition de l’Algérie au présent. Ils entendent ainsi rompre avec les approches qui font abstraction des mécanismes politiques qui fondent la hiérarchisation de la société. Ils entendent également répondre à l’impasse du prophétisme révolutionnaire, trop détaché de la situation complexe dans laquelle vivent, au quotidien, les populations algériennes. Pour P. Bourdieu et A. Sayad, l’intérêt n’est pas tant de parler au nom de la « cause », que de constituer un savoir situé, capable de donner des moyens d’émancipation ou du moins une réflexion critique contre l’ordre des choses en Algérie. Cette conférence revient sur les conditions constitutives et les ressorts de ce travail dialogué sur la société algérienne en situation de guerre coloniale.

Amín Pérez est membre du laboratoire IRIS-EHESS. Il a notamment édité et présenté l’ouvrage d’Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérite. 3. La fabrication des identités culturelles, Paris, Éditions Raisons d’Agir, Cours et Travaux, 2014. 
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Une sociologie de la révolution coloniale. Abdelmalek Sayad et Pierre Bourdieu en Algérie.
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La vie psychique des réfugiés. Pour une clinique de l’asile

Conférence d'Élise Pestre, Université Paris Diderot. Mardi 3 mars 2015
Lors de leur demande d’asile en France, les populations réfugiées qui fuient les violences politiques et sociales de leurs pays, sont confrontées à un système juridico-administratif complexe qui évalue leurs déclarations liées aux craintes de persécution. Or, dans de nombreux cas, le rejet de la demande d’asile se fonde exclusivement sur le fait que ces déclarations, et notamment le témoignage du requérant, ne sont pas véridiques.
Nous envisagerons les effets induits par cette suspicion sur ceux qui sont en quête de refuge, à travers l’exploration d’une clinique de l’asile. Il s’agira d’explorer la façon dont les événements passés, parfois douloureux, vont être revisités dans le cadre de ce “parcours du combattant”, mais aussi la condamnation à une forme de suspension psychique et territoriale des demandeurs d’asile rejetés.
Cette clinique rendra également compte de la mise à l’épreuve des professionnels qui exercent auprès de ces populations en quête d’abri. Dans ce contexte où s’opèrent d’importants glissements entre les scènes juridique et thérapeutique, les soignants, les juges, et les fonctionnaires de l’Etat déploient des modalités psychiques singulières, pour être en mesure de continuer d’accueillir et d’accompagner les sujets exilés.
Nous analyserons la particularité de ces procédés et verrons comment la clinique de l’asile s’avère paradigmatique des interactions en jeu entre les champs du politique, du social et des subjectivités.

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L'univercité 2014-2015 - Elise Pestre - 03/03/3015
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Migrations arméniennes, XIXe-XXe siècles. Espaces, ruptures, reconfigurations

Conférence de Dzovinar Kévonian (Institut des sciences sociales du politique, Université Paris-Ouest Nanterre La Défense) et Anouche Kunth (CNRS Migrinter-Université de Poitiers). Mardi 3 février 2015.
Adoptant un arc chronologique ample (XIXe-XXe siècles), cette conférence entend réinsérer, sans toutefois la relativiser, la scansion fondamentale du génocide de 1915 et de l’exode massif des Arméniens de Turquie qui s’ensuivit au début des années 1920, dans une histoire longue des migrations arméniennes.
Radical et irréversible pour toute une génération de rescapés, l’exil forcé des Arméniens ottomans doit, en effet, être replacé dans le contexte d’une succession de crises régionales au Caucase, au Proche et au Moyen-Orient dont les effets se prolongent jusqu’à nos jours : confrontation des espaces impériaux, formation des Etats-nations ou enjeux de guerre froide.
La longue durée permet, en retour, de mieux revenir au temps court de l’événement, pour mesurer l’impact de la Première Guerre mondiale dans l’histoire de la dispersion arménienne. Une attention particulière sera portée à l’action internationale déployée pour secourir les centaines de milliers de réfugiés arméniens, interdits de retour en Turquie après avoir été dénationalisés et spoliés par le régime kémaliste.
L’expérience de l’exil sera également traitée à l’échelle des réfugiés euxmêmes et de leurs logiques d’implantation dans les pays d’accueil, en France notamment, comme dans le combat mené pour les réparations. Pour autant, l’exil était-il perçu comme définitif ? Cette question cruciale conduira à évoquer l’épisode du "rapatriement" en Arménie soviétique (1946-1947), autre pôle structurant, et néanmoins clivant, des échanges entre la diaspora et un Etat nouveau, au statut ambigu de "mère-patrie".

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Migrations arméniennes, XIXe-XXe siècles. Espaces, ruptures, reconfigurations
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Les Américains de Paris. Comtesses, hommes d'affaires et jeunes oisifs

Conférence de Nancy L. Green, École des hautes études en sciences sociales. Mardi 13 janvier 2015.
L’histoire des "autres" Américains implantés dans la Ville Lumière restait à écrire. Elle se déroule en parallèle de celle, mieux connue, de leurs compatriotes venus chercher en France une inspiration créatrice, mais s’en démarque sur un point essentiel : si de nombreux Américains ont fait le voyage en quête de civilisation européenne, la plupart sont venus promouvoir la leur. Lors même que les peintres et les écrivains de la fameuse "génération perdue" expriment leur malaise face à la modernité — et à la place qu’y occupe l’Amérique — certains de leurs compatriotes ont traversé l’Atlantique dans un tout autre but : vendre la modernité américaine, ou du moins s’y efforcer.
Industriels venus s’implanter en France, héritières apportant richesses en contrepartie de titres de noblesse, jeunes gens en fugue ou escrocs en tous genres, des Américains à Paris dans la première moitié du XXème siècle apportaient une vision d’Amérique souvent contrastée. "Expats" avant la lettre, cette migration d’élite interroge la notion même d’immigration ainsi que celle "d’Américanisation" et du transnationalisme.
La conférence proposera une analyse érudite mais aussi irrévérencieuse de la façon dont les Américains de la Rive droite ont forgé leur communauté, des relations qu’ils ont entretenues avec les Français, qu’il s’agisse d’amour, de divorce, de charité ou d’affaires. En les suivant pas à pas, elle montrera à quel point le "siècle américain" a été contesté dès sa naissance.

Nancy L. Green, née à Chicago, est directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, où elle est membre du Centre de Recherches Historiques. Docteur de l’université de Chicago et docteur d’État de l’Université de Paris VII, elle s’est spécialisée dans l’histoire des migrations, l’histoire comparée, et l’histoire sociale française et américaine. Ses publications incluent, notamment, Du Sentier à la Septième Avenue, La Confection et les immigrés, Paris-New York 1880-1980, Seuil, 1998 ; Repenser les migrations, PUF, 2002 ; Citoyenneté et émigration : Les politiques du départ (avec François Weil, dirs.), Éd. de l’EHESS, 2006 ; Histoire de l’immigration et question coloniale en France (avec Marie Poinsot, dir.), La Documentation française, 2008. Elle vient de publier Les Américains de Paris : Hommes d'affaires, comtesses, jeunes oisifs, 1880-1941 chez Belin.  

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Ecouter la conférence (56 min.)

Les Américains de Paris. Comtesses, hommes d'affaires et jeunes oisifs
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Immigré.e.s en lutte (années 1930-1980) : un passé à réactualiser ?

Conférence avec Emmanuel Blanchard, Université de Versailles Saint Quentin, et Mogniss H. Abdallah, écrivain, réalisateur et producteur. Animée par Michelle Zancarini-Fournel, Université Claude Bernard-Lyon I. 9 décembre 2014.
Les récentes luttes des travailleurs et travailleuses sans papiers, portant à la fois sur les conditions de travail précarisées, le droit au séjour ou encore l’application du droit à se réunir et à se syndiquer, réactualisent bien des enjeux majeurs de luttes passées, portées par des immigré·e·s ou par des "nationaux".
Ces capacités d’action des étrangers et étrangères, longtemps assimilé·e·s à des briseurs de grève, n’ont pas touché que le seul monde du travail. Le logement, le chômage, les brimades ou violences policières, le droit au séjour et plus généralement la revendication de l’égalité des droits entre Français et étrangers ont, depuis l’entre-deux guerres, été de puissants facteurs de mobilisation. Porter le regard sur ces grèves, occupations, manifestations, parfois durement réprimées, permet notamment de rompre avec le misérabilisme de certaines représentations victimaires. Elles dessinent des modes d’action partagés mais aussi des répertoires particulièrement associés à la condition immigrée. Aux côtés des Français·e·s, ou en dépit de leurs résistances, les étrangers et étrangères ont ainsi occupé une place importante dans le mouvement ouvrier et ses reconfigurations.
Le rappel de ces mobilisations permet à la fois de redonner toute leur épaisseur sociale aux modes d’action collective du 20e siècle tout en mettant l’accent sur un volet trop souvent oublié de l’histoire de l’immigration.
Ce faisant il s’agit aussi de proposer des repères et des antécédents à tous ceux et celles qui voient un motif d’espoir dans les luttes des immigré·e·s et les mobilisations pour la défense de leurs droits.

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Ecouter la conférence (1h06min)

Immigré.e.s en lutte (années 1930-1980) : un passé à réactualiser ?
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Diaspora noire ou diaspora africaine ? Deux manières de faire récit d’une trajectoire collective

Conférence avec Christine Chivallon, Les Afriques dans le Monde / CNRS, animée par Marianne Amar, responsable de la recherche au Musée de l’histoire de l’immigration. 25 novembre 2014.
La "diaspora noire" ou "diaspora transatlantique" ou "diaspora africaine" désigne l’ensemble des populations descendantes des esclaves transbordés depuis l’Afrique aux Amériques dans le cadre du commerce triangulaire dirigé par les puissances européennes entre les 16ème et 19ème siècles. Présentes principalement aux États-Unis, au Brésil et dans la Caraïbe, qui forment les trois centres majeurs où l’économie esclavagiste a structuré les sociétés coloniales, ces populations ont en commun les héritages de l’expérience de l’esclavage qui se traduisent aujourd’hui dans la persistance des discriminations raciales. La grande diversité culturelle, notamment dans les domaines religieux, singularise cette diaspora et se présente comme l’une des formes de résistance par excellence à la violence esclavagiste. Cette créativité culturelle s’associe aux luttes politiques et nourrit les discours d’émancipation où les références à l’Afrique forment l’un des principaux registres de l’identité collective.

La "diaspora" en étant qualifiée soit de "Noire", soit "d’Africaine", soit encore de "Transatlantique" répercute un débat à la fois académique et politique où la place accordée à la "race", à "l’esclavage" et à "l’Afrique" devient constitutive des positions adoptées. Cette conférence vise ainsi à établir un panorama historique des principaux repères qui orientent la destinée des populations africaines et de leurs descendants aux Amériques. L’intérêt accordé à l’usage même de la notion de "diaspora" se destine en outre à montrer comment les variations sémantiques autour d’un terme se font l’écho de l’histoire de la population que celui-ci désigne et des manières plurielles de mettre l’histoire en récit.

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Diaspora noire ou diaspora africaine ? Deux manières de faire récit d’une trajectoire collective.
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Le poids national des mots. “Communautarisme” et “mondialisation” dans les années 1990

Conférence avec Stéphane Dufoix, Université Paris Ouest - Nanterre La Défense, animée par Marianne Amar, responsable de la recherche au Musée de l’histoire de l’immigration. 21 octobre 2014.
On considère généralement que les mots n’ont de véritable importance que pour la compréhension des discours et des représentations, étant alors souvent entendu que ces derniers ne constituent pas la partie la plus importante de la réalité sociale.
En s’appuyant sur les principes de la socio-sémantique historique, il s’agira dans cette intervention de montrer que les deux termes mondialisation et communautarisme, qui font une entrée remarquée dans le vocabulaire journalistique, académique et politique au début des années 1990, ne sont pas seulement des termes venant décrire une réalité naissante ou observable. Ils forment la trame même d’une reconfiguration du lexique républicain français.
Dans un cas comme dans l’autre, leur usage est chargé sur le plan normatif. Ils viennent signaler le contre-modèle absolu du régime républicain français dont la marque de fabrique est tout à la fois l’insistance sur la culture et l’indifférence aux différences. Dans le cadre de cette reformulation, le modèle américain devient alors l’antithèse du modèle français.

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Ecouter la conférence (00:58:23)

L'UniverCité 2014-2015 / Stéphane Dufoix - Le poids des mots / 21 octobre 2014
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Ecouter le débat qui a suivi la conférence (00:51:24)

L'UniverCité 2014-2015 / Stéphane Dufoix - Le poids des mots - débat / 21 octobre 2014
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L’historien dans le musée des migrations : expériences étrangères, débats et controverses.

Conférence avec Pilar Gonzalez Bernaldo, Université Paris Diderot, Laurence Gourievidis, Université de Clermont-Ferrand, Tony Kushner, University of Southampton. Table ronde animée par Marianne Amar, responsable de la recherche au Musée de l’histoire de l’immigration. Vendredi 19 Septembre 2014.
Depuis un quart de siècle et le moment fondateur de l’ouverture d’Ellis Island, à New York en 1990, les musées consacrés aux migrations ont essaimé à travers le monde, de Melbourne à Buenos Aires, en passant par Brême ou Londres, pour ne citer que quelques exemples. Parce qu’ils sont toujours le produit d’un “ici et maintenant”, qui renvoie à un lieu (ville, région, pays) et une histoire, ces musées dessinent un paysage contrasté, dans ses dimensions, ses ambitions, ses récits et le choix des objets patrimonialisés. Mais cette géographie muséale se construit aussi autour de plusieurs traits communs : volonté de reconnaissance de la place des migrants dans l’histoire collective ; enjeux de pouvoir entre les différents acteurs (institutions politiques et muséales, associations, chercheurs), et partout, l’ambition affichée de faire du musée un lieu de changement social.
À l’occasion de la réouverture de l’exposition permanente Repères, L’UniverCité propose de faire un pas de côté pour aller observer quelques unes de ces expériences étrangères, en Europe et en Amérique, à travers leurs missions, leurs collections et leurs récits. Sans oublier de réfléchir à ce qui demeure invisible dans l’exposition : le musée existe aussi par son hors-champ.
Repères bibliographiques
 autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

Ecouter la conférence (01:12:31)

L’historien dans le musée des migrations : expériences étrangères, débats et controverses.
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