« Alors que la Martinique est loin d'être la plus en difficulté dans les outre-mer, elle est certainement à la traîne en matière cinématographique »
Entretien avec Jil Servant, réalisateur et producteur
Originaire de Martinique, Jil Servant réalise des films documentaires depuis plus de quinze ans. Son travail mélange questionnements identitaires, faits de société, recherche historique et pratiques culturelles.
En 2002, il réalise Une étrange arrivée, acheté par le Forum des Images (Paris) ; en 2004 Mal de mer, sélectionné à Vues d’Afrique (Montréal) et au FIFIG (Groix) ; en 2005, La fierté d’être négresse, sélectionné au Fémi (Guadeloupe) ; en 2006, Nation, place des Antilles ; en 2009, L’immigration chinoise aux Antilles-Guyane ; en 2014, Les Choix d’Eda ; en 2017, Des goyaves pour la route, Prix du jury au Cinémartinique. Tous ces films ont été diffusés sur RFO, ATV, TV5, Trace TV ou encore KTO.
Presque mort et Guyane, du bagne aux étoiles, achevés en 2020, sont ses derniers projets documentaires.
Depuis 2010, il produit au sein de Palaviré Productions des courts-métrages de fiction dont Ici, c’est Paris de Léa Magnien et Quentin Chantrel, Rumbu de Remi Mazet, Beautiful de Serge Poyotte et Fichues Racines de Marie-Claude Pernelle, primés au Fémi 2011 (Guadeloupe) ainsi qu’à Prix de Court 2011 (Martinique) et Cinamazonia 2011 (Guyane).
En 2015 et en 2016, au sein de la société Tic Tac Production en Guyane, il a j’ai été administrateur de production sur les séries Guyane (saison 1) diffusée sur Canal+ et Maroni (saison 1) sur Arte.
Hommes & Migrations : Votre dernier film Presque mort a reçu une mention lors de la 15e édition Cinemartinique Festival. Pouvez-vous revenir sur votre arrivée dans le monde du cinéma ?
Jil Servant : J'ai fait une école de commerce (l'EDHEC à Lille) parce que je voulais à l'époque (1992-1995) travailler dans la production musicale. Finalement, j'ai eu plus d'opportunités dans le théâtre, toujours côté administration. En 1999, j'ai eu la chance de faire partie du Jury de la Jeunesse au Festival de Cannes, et on peut dire que ça été un déclencheur : l'idée de travailler à la fois dans la création et la production de films a pris forme lors de cette expérience incroyable, même si j'étais déjà un grand cinéphile.
J'ai suivi en 2000 une formation en écriture et réalisation de documentaires au sein du Master 2 « Images et Société » de l'université d'Evry, puis effectué un stage au sein des Productions de la Lanterne à Paris. Cette société développait de nombreux projets outre-mer, c'est ainsi que, très rapidement, j'ai commencé à réaliser des films documentaires d'abord en Martinique.
Avec le recul, je me rends compte que je suis arrivé dans ce qui était une « belle époque » pour le documentaire, celle qui a commencé entre la fin des années 1980 jusqu'au milieu des années 2000. Aujourd'hui, seulement 20 ans après, tout a changé, et l'arrivée des plateformes dans les années 2010 continue de changer la donne.
H&M : Dans vos documentaires, Paulette Nardal (2005), Les choix d’Eda (2014), Des goyaves pour la route (2017), la place des femmes est importante…
J. S. : Ma mère est née en Martinique de parents martiniquais, avant de faire la « traversée » vers Paris à l'âge de 14 ans. Je fais partie de la première génération d'Antillais nés en France à partir de la fin des années 1960. J'ai été élevé principalement par ma grand-mère maternelle à Paris, qui m'a transmis la langue créole et certainement une relation très complexe avec son île natale.
C'est devenu un cliché de parler de la « puissance » des femmes martiniquaises, mais je peux affirmer que dès l'enfance, je l'ai ressentie. Ma grand-mère m'a élevée après avoir eu 5 enfants, qui ont tous fait des études supérieures. Paris, où elle a choisi d'être enterrée, lui a permis de quitter un environnement trop étroit pour elle, l'une des premières institutrices noires de Martinique, qui a commencé à enseigner durant la Deuxième Guerre mondiale.
En découvrant en 2003 Paulette Nardal, d'abord par ses écrits, j'ai très vite ressenti le besoin de retracer une vie qui me parlait à plusieurs titres : ce balancier entre Paris et la Martinique, pour elle dès les années 1920, pour moi plus de cinquante ans après, je l'ai connu, ainsi que cette envie de prendre part au développement des activités culturelles, en particulier liées à la musique et à la diaspora noire. Le documentaire qui s'en est suivi m'a permis de rencontrer une famille exceptionnelle (la ville de Paris a inauguré fin 2019 une promenade Jane et Paulette Nardal dans le 14e arrondissement), dont une nièce des sœurs Nardal, la cantatrice Christiane Eda-Pierre (malheureusement décédée en septembre 2020), qui a accepté que je la suive plusieurs années pour un autre film, Les Choix d'Eda. Cette femme d'expérience, tout en étant filmée, n'aura jamais arrêté de me prodiguer des conseils précieux sur mon métier de créateur.
Sans pouvoir vraiment l'expliquer, il semble que j'ai plus de facilités à faire un film sur une femme, une Martiniquaise en particulier, puisque Des Goyaves pour la route suit le parcours de Pierrette Montlouis-Félicité, venu à Paris en 1963 pour être infirmière, soit exactement la même année que ma mère.
H&M : Nombreux de vos films intègrent ou partent des archives, je pense au film Des goyaves pour la route... Quel est votre rapport aux archives ?
J. S. : En faisant une école de commerce, malgré le prestige d'un diplôme de « grande école », j'ai pu croire que je m'étais trompé de formation, et j'ai pensé m'inscrire à l'Université en histoire, pour plus tard enseigner. Finalement, j'ai trouvé une sorte de compromis avec beaucoup de mes documentaires, qui ont nécessité un travail de recherche historique important et une plongée dans des archives magnifiques. J'ai profité de la numérisation récente de celles de l'INA, de Gaumont-Pathé, de la BNF, pour ne citer qu'elles, qui permettent dorénavant un accès plus rapide à des fonds très riches.
H&M : Il y a énormément de films à faire à partir des archives des Antilles notamment, où le cinéma, avec les Frères Lumière et leurs collègues, est arrivé dès la fin du XIXe siècle.
J. S. : J'espère vraiment convaincre d'autres réalisateurs et réalisatrices de la pertinence de revoir ces images, avec notre regard au présent.
H&M : Que cherchez-vous dans les films que vous souhaitez produire avec Palaviré productions ?
J. S. : J'ai créé la société Palaviré Productions en 2007, parce qu'après avoir réalisé mes premiers documentaires, j'ai voulu produire les courts-métrages et les documentaires d'autres réalisateurs (Franck Salin, Serge Poyotte...) et réalisatrices (Véronique Kanor, Marie-Claude Pernelle...), tous aussi motivés que moi pour développer un cinéma ultramarin.
Cette expérience qui a abouti aujourd'hui à la production de plus de 15 films en Martinique, Guadeloupe, Guyane, à la Réunion et à Mayotte mais aussi en Lorraine ou en région parisienne, est amenée dans les prochains mois à évoluer, suite à mon installation à Nantes, en Pays de la Loire.
Je souhaite continuer à réaliser des documentaires avec d'autres productions que Palaviré et aussi prolonger mon activité d'administrateur de productions sur des séries et des téléfilms : la polyvalence reste essentielle dans le milieu du cinéma.
H&M : Quel rapport personnel entretenez-vous avec la Martinique ?
J. S. : Je suis né à Paris et j'y ai vécu la totalité de mon enfance et de mon adolescence, côté est, près du bois de Vincennes et de la place de la Nation, dont une partie est appelée la place des Antilles... La Martinique, jusqu'à mes 15 ans, c'était une gastronomie que j'adore, quelques lieux souvent oubliés aujourd'hui à Paris (la Maison des Antilles à Nation, le traiteur métro Ménilmontant, qui existe toujours d'ailleurs, les débuts du Carnaval antillais autour de Daumesnil...), des vacances l'été avec ma grand-mère, où c'était surtout l'ennui vu le peu de famille de mon âge restée sur place, les moustiques et un exotisme dont je me sentais très éloigné. J'ai donc refusé d'y aller pendant 10 ans jusqu'à ce que le « retour au pays natal » s'impose à moi, même si je n'étais pas né sur place. J'y ai vraiment commencé mon parcours professionnel notamment au sein de l'administration de l'Atrium, la Scène nationale, tout en découvrant avec passion la culture danmyé – kalennda – bèlè : cet art martial et ces danses sont certainement la principale raison de mon séjour de 4 ans sur l'île jusqu'en 2000, année donc de l'appel du cinéma.
J'ai toujours de la famille en Martinique, j'y retourne toujours avec plaisir pour tourner, c'est certainement mon « terrain » privilégié, et rarement seulement pour des vacances. Je pense qu'avec le temps, il en est de même avec la Guadeloupe et surtout la Guyane, où j'ai également travaillé 4 ans entre 2012 et 2016.
Il n'y a pas assez de films produits en Martinique, il est vraiment temps que cela change, pour beaucoup il n'y a pas eu grand-chose depuis Rue Cases-Nègres d'Euzhan Palcy sorti en 1983. Alors que la Martinique est loin d'être la plus en difficulté dans les outre-mer, elle est certainement à la traîne en matière cinématographique, que ce soit en fiction, en documentaire ou en animation.
H&M : Vous connaissez le principe de la galerie des dons au Musée national de l’histoire de l’immigration. Le public peut rendre visible son histoire migratoire en la matérialisant par un don d’un ou plusieurs objets qui la symbolise. Ces objets deviennent ainsi patrimoine français, inscrits au registre du patrimoine national et sont ainsi inaliénables : une belle forme de reconnaissance de tous ces parcours d’exils qui ont fait et font encore la France d’aujourd’hui. Avez-vous un objet qui symbolise l’exil de vos parents ?
J. S. : La gelée de goyave en boite de conserve. Sans être un grand fan du fruit, j'avoue avoir un faible pour la gelée et la confiture comme pour tous les desserts (pâtés, tartes, gâteaux aux noms évocateurs tels qu'amour caché, tourment d'amour, robinson, roulé, moelleux...) à base de goyave, qui finalement occupe une place très respectable dans la pâtisserie martiniquaise.
Cet amour du sucre, originaire d'une île « à sucre de canne », n'est pas très original mais même né à Paris, je peux dire que la transmission a été faite et bien faite ! La gelée en conserve, c'est un de mes grands souvenirs d'enfance, avec un peu de pain et plus souvent une biscotte pour l'accompagner à l'heure du goûter. Je pense vraiment que la gelée en conserve a surtout concerné « ceux qui sont partis » et, en tant qu'objet, peut symboliser l'exil de ma famille à Paris. Elle a presque disparu de nos jours, remplacée par la confiture en pot de verre.
H&M : En 1968, Aimé Césaire disait à la France, le problème du rapport entre la France et la Martinique c’est la politique coloniale de la France. Comment expliqueriez-vous le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer (Bumidom) à un néophyte et votre Bumidom à vous ?
J. S. : Dans les années 1960, comme pour les Algériens, comme pour les Marocains et Tunisiens, mais aussi au même moment avec les Espagnols et les Portugais, la France a mis en place des institutions, souvent des « bureaux » chargés d'organiser une immigration de travail essentielle en pleines Trente Glorieuses.
Ainsi, dès 1963, des milliers de Martiniquais (mais aussi des Guadeloupéens et des Réunionnais) vont venir dans l'Hexagone, travailler surtout dans la « basse » fonction publique (postes, hôpitaux, prisons...) en rêvant d'un retour rapide en Martinique, qui au final n'aura jamais lieu : une « troisième île » selon le sociologue Alain Anselin s'est constituée surtout en banlieue parisienne, dont la population est, dès la fin des années 1980, aussi nombreuse que celles de Martinique et de Guadeloupe.
Ce que Césaire a qualifié de « génocide par substitution » pose encore aujourd'hui de nombreuses questions : oui, il s'est agi de vider les Antilles d'une jeunesse nombreuse, en grande partie inactive et peu formée, et trop proche d'une Caraïbe qui très largement se « décolonisait », avec pour grand modèle, Cuba. Oui, beaucoup de familles, comme la mienne arrivée en France sans le Bumidom, ont fui une misère ou en tout cas une stagnation post-coloniale qui aura toujours caractérisé les Antilles de la fin du XXe siècle.
H&M : Aujourd'hui, la Martinique a la population « la plus vieille de France », est-ce seulement la faute du Bumidom ?
J. S. : En tout cas, l'urgence selon moi est de penser à l'avenir, et notamment en matière culturelle. La Martinique a montré depuis des siècles une expertise incroyable en littérature, en poésie, en musique et pas assez en ce qui concerne l'image, je reste persuadé que tout est encore possible à l'horizon 2050.
H&M : La diaspora est très nombreuse Existe-il une culture caribéenne et des lieux communautaires à Paris ?
J. S. : Je ne vis plus vraiment à Paris depuis 2012, je ne saurais donc avoir des certitudes quant au dynamisme de la communauté caribéenne, même si on est certainement sorti du cliché des associations municipales en banlieue, organisant des soirées zouk-accras-boudins bien arrosées, sans oublier, en plat principal, le colombo de poulet.
Outre les lieux emblématiques de mon enfance cités auparavant, je me dois de citer certainement le « lieu » communautaire par excellence : les concerts du groupe Kassav, qui ont migré du Zénith à la Villette, au Stade de France à Saint-Denis puis, dernièrement, à l'Arena de Nanterre. Ces concerts sont l'occasion pour tous les Antillais, en tout cas, ceux nés après les années 1950 de se voir en tant que groupe à part entière en France.
Le sport a pu un temps faire croire à une « spécificité antillaise » chez certains athlètes, mais c'est sûrement risquer une trop grande stigmatisation que de s'avancer sur ce terrain.
Le cinéma antillais, je me répète sûrement, ne semble pas vraiment avoir une stature qui lui permettrait d'être reconnu et bien visible. On peut certainement mieux faire dans tous les domaines : trop de jeunes se découragent en ne parvenant pas vraiment à la réalisation, alors qu'il y a tant de métiers à exercer tels que dans le désordre, producteur, distributeur, exploitant, chef-opérateur, 1er assistant réalisateur, régisseur général, chef décorateur... C'est à Paris, plus qu'en région, qu'on trouve le plus de formations et d'employeurs potentiels, c'est donc certainement là aussi que se joue l'avenir du cinéma antillais.
H&M : Qu’en est-il des représentations de l’antillais au cinéma ?
J. S. : Une question très difficile : à première vue, on pense à Firmine Richard ou Pascal Légitimus, mais c'est oublier les générations qui les ont précédés, et surtout ce serait les séparer des autres « noirs » francophones, issus d'Afrique, de Guyane voire de l'Océan Indien et de la Polynésie. Il y a énormément de représentations à faire évoluer, mais surtout celle qui veut que faire du cinéma, c'est seulement réaliser, je pense que c'est un vrai combat oublié à mener et qui explique les freins au développement des Antilles au cinéma.
H&M : Quels sont les réalisateurs antillais dont le travail vous a marqué ? Et plus largement quels réalisateurs en général ?
J. S. : Je suis né dans les années 1970, je n'ai pas donc pas l'ambition de tout connaître du cinéma antillais depuis sa création. J'ai déjà cité Euzhan Palcy, je me sens de la même génération que Jean-Claude Barny (réalisateur notamment de Neg Maron) et de Lucien Jean-Baptiste (30° Couleur). Je suis sensible au travail de Julius-Amédée Laou (La Vieille Quimboiseuse et le Majordome) et plus récemment, pas seulement parce qu'il est Nantais, à celui de Julien Silloray (Féfé Limbé).
Si l'on sort de la fiction pour aller vers le documentaire, je ne peux oublier Gilles Elie-dit-Cosaque (Zetwal) et Christiane Succab-Goldman (Fureurs et Silences). La liste de mes inspirations est très nombreuse et même aujourd'hui je continue à être émerveillé par le cinéma en général d'où qu'il vienne.
H&M : Pouvez-vous citer 3 films qui vous ont marqué et nous dire pourquoi en quelques mots ?
J. S. : Sans l'avoir prémédité mais sans hésiter, je vais citer 3 films liés à la communauté indo-pakistanaise anglophone. Mississippi Masala (1991) est une véritable romance, réalisée par Mira Nair, avec Denzel Washington, Sarita Choudhury et Roshan Seth. Chassés d'Ouganda par Amin Dada, des Indiens se retrouvent dans le Mississipi, confrontés à des Noirs Américains. J'aime vraiment la fin, où le père d'origine indienne considère que sa vraie terre de cœur est l'Ouganda.
Fish and Chips (titre anglais : East Is East, 1999) est une comédie britannique réalisée par Damien O'Donnell qui met en scène de manière hilarante des différences culturelles entre un père pakistanais et une mère britannique, en conflit malgré leurs enfants nés en Grande-Bretagne. J'ai rarement autant ri pendant tout un film et j'aurais aimé que cette thématique soit traitée plus souvent de manière aussi subtile dans le cinéma français.
Music of My Life (titre anglais : Blinded by the Light, 2019) est un autre film britannique réalisé par Gurinder Chadha. Il s'inspire de l'autobiographie du journaliste britannique Sarfraz Manzoor et de son amour improbable en tant qu'adolescent d'origine pakistanaise vivant à Londres pour l’œuvre de Bruce Springsteen. C'est clairement un « feel-good movie » mais où l'on plonge très finement dans une Angleterre où l'extrême-droite avec le National Front dans les années 1980, connaissait une période faste.
H&M : Après le constat sans concession de Presque mort sur les conditions de création des films en région caraïbes, le jury du festival a vu dans votre film : « un geste rebelle de cinéma, un film coup de poing qui peut sonner comme un cri de désespoirs mais qui impulse, avec humour et dérision, une énergie créative pour les nouvelles générations ». Quels sont vos projets à venir ?
J. S. : Je développe actuellement un nouveau portrait documentaire sur une Martiniquaise d'exception selon moi, Marie-Josèphe Yoyotte, l'une des plus grandes monteuses du cinéma français, récompensée par 3 Césars du montage. Ce film sera certainement dans la continuité de mes précédents portraits, même si la place du cinéma y sera plus importante, pour mettre en pleine lumière, un métier de l'ombre mais essentiel.
J'ai, comme avec Presque mort, d'autres projets plus personnels. Ils sont très souvent plus longs à élaborer, mais mon envie de tourner outre-mer reste intacte. 2020 restera pour le cinéma une année « noire », mais certainement pas celle de la mort du cinéma antillais.