Convergences et divergences des politiques d’immigration entre la France et l’Allemagne
n matière d’immigration, d’asile, d’intégration et de citoyenneté, la France et l’Allemagne, les deux premiers pays d’immigration en Europe par le nombre de leurs étrangers et de leurs immigrés, sont parties d’expériences et de philosophies opposées quant à la place accordée à l’altérité par rapport à leurs identités respectives. On oppose volontiers Marianne et Germania ; la loi sur la nationalité allemande de 1913 à celle, française de 1889 ; les conceptions divergentes de la nation de Fichte et de Renan ; l’expérience coloniale d’un côté, nazie de l’autre ; le modèle des Gastarbeiter (travailleurs-hôtes) et le modèle assimilationniste français des années 1880-1960 ; et enfin les deux politiques antagonistes de l’asile. Mais les divergences ont progressivement fait place à des convergences la construction européenne, avec la confrontation des modèles historiques au réalisme politique et à la suite des réponses apportées par les deux pays aux nouveaux enjeux migratoires : vieillissement démographique, concurrence pour le recrutement des élites, besoins de main-d’œuvre, défis du vivre ensemble. Même la définition de la citoyenneté et l’évolution du droit de la nationalité, emblématiques des différences d’approche du “nous”, ont été modifiées, de même que l’opposition entre le multiculturalisme et l’assimilation. Après un bref rappel des tendances observées dans les deux pays, nous reviendrons sur ce qui les oppose et ce qui les rapproche.