Article de dossier/point sur

L’immigration sri lankaise

Regards croisés

Géographe, maître de conférences à l’université de Bordeaux-IV, UMR ADES CNRS

Sri Lanka, île de l’océan Indien de plus de 20 millions d’habitants,dont les trois quarts ont pour langue maternelle le cinghalais (une langue issue du fonds indo-aryen) et le dernier quart le tamoul (langue dravidienne d’Inde du Sud), a été marqué pendant près de trois décennies par un conflit séparatiste sanglant, déclenché par des groupes militants appartenant à la minorité tamoule autochtone. Ce conflit a eu de larges répercussions dans les logiques migratoires des SriLankais : terre d’immigration depuis les débuts de son histoire, Sri Lanka est devenu progressivement au cours des années soixante-dix une terre d’émigration massive. Si des phénomènes limités d’émigration s’étaient déjà produits dans le cadre du système colonial, ils étaient sans aucune mesure avec ceux qui se sont mis en place après 1948, date à laquelle Sri Lanka a accédé à son indépendance. À partir de ce moment charnière de l’histoire de l’île, la minorité tamoule (13 %, dont 8% de Tamouls sri lankais), choyée par les colonisateurs, se retrouve soumise à la loi de la majorité cinghalaise (74 %), qui impose sa langue – le cinghalais – et donne la prééminence à sa religion, le bouddhisme. La mise en place de lois discriminantes a lancé sur les routes de l’exil, de manière sporadique dans un premier temps, des élites anglophones vers les pays du Commonwealth. Après les pogroms anti-tamouls de juillet 1983, correspondant également à la montée en puissance du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (Liberation Tigers of Tamil Eelam - LTTE), les flux de réfugiés et de demandeurs d’asile en direction des pays du Nord, d’Asie (Malaisie et Inde en particulier) et du Moyen-Orient deviennent significatifs.