Les bonnes clôtures font-elles les bons voisins ?
Les Anglais n’ont rien inventé. Quand dans un pays rien ne va comme on le souhaiterait, l’étranger est une aubaine. On se tourne vers lui, non pour lui tendre la main, mais pour lui signifier qu’il ferait bien d’aller traîner ses guêtres ailleurs. Peu chaut alors son énergie, sa vitalité, sa force de travail, ses neurones (à moins de les jauger et de les choisir soi-même). Rien à faire aussi de ses déclarations et démonstrations de fidélité. Plutôt que de voir en lui une possible ressource, on en fait un incontestable bouc émissaire. Contre-intuitive par excellence, la démonstration sied à l’opinion. Pour se débarrasser des importuns – les « indésirables » de la France des années 1930 –, rien de plus facile. Il suffit de dresser ou de rétablir une bonne vieille frontière. Aux États-Unis ou en Hongrie, elle prend l’allure d’un mur ou d’une barrière. En Grande-Bretagne, elle s’appelle Brexit. Exit l’Union européenne, ses directives, son fédéralisme, sa zone euro par trop envahissante. Exit aussi l’immigré. Et, pour le coup, pas juste les damnés de lointaines terres ! Non, des Européens pur jus.