Témoignage : l'Union européenne doit revoir son approche des réfugiés et des migrants en situation irrégulière
Beaucoup de gens considèrent que le Printemps arabe de 2011 est à l’origine du chaos et de l’instabilité qui ont balayé la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) au cours des dernières années[1]. Mais ce sont les décennies d’oppression avant 2011 et la contre-révolution hystériquement brutale qui a commencé entre 2013-2015 qui ont abouti à la situation que nous y observons aujourd’hui. J’ai été forcé de quitter mon pays en 2014 après avoir reçu des menaces de mort pour mon travail en faveur des droits humains. De même, l’Institut du Caire pour les études sur les droits de l’Homme, l’ONG régionale arabe que j’ai cofondée en 1993, a été contraint de délocaliser tous ses programmes en dehors de l’Égypte (à l’exception de son programme « Égypte » qui reste toujours au Caire) en raison de risques pour la sécurité, comme beaucoup d’autres organisations de défense des droits de l’homme. Dans cet article, je soulignerai comment le chaos dans la région MENA, ainsi que l’afflux de réfugiés de la région n’étaient pas liés aux conséquences inévitables du Printemps arabe, et j’analyserai ce que cela signifie pour les décideurs européens.
[1] Cet article est issu d’un discours prononcé par l’auteur en janvier 2018 lors d’une conférence organisée par le Barreau de Seine-Saint-Denis intitulé « La route des réfugiés est-elle une voie sans issue ? » et publié ultérieurement dans Orient XXI en mai 2018.