Article de dossier/point sur

Ascension sociale et émergence d’une classe moyenne chez les immigrés italiens de Cannes au début du XXe siècle

Diplômée de l’ENS Lyon, professeure certifiée d’histoire-géographie, académie de Nice, membre de la Société scientifique et littéraire de Cannes

Un Britannique de la haute société ou une princesse russe profitant de l’air marin accompagnée d’une dame de compagnie sur la Croisette… Telles sont les images d’Épinal qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque les étrangers à Cannes à la Belle Époque. Si les populations aisées d’Europe du Nord ont grandement contribué à la visibilité internationale du littoral azuréen et au développement du tourisme balnéaire, elles sont numériquement beaucoup moins importantes que d’autres migrants, d’Europe du Sud en l’occurrence : les Italiens. En effet, en 1906, la population transalpine représente 8 158 individus, soit presque 30 % de la population totale de Cannes. Ces Italiens sont en grande majorité des migrants en provenance d’Italie du Nord, et en particulier du Piémont. Ils sont les héritiers des migrations saisonnières agricoles anciennes en lien avec les travaux des champs basés sur la trilogie méditerranéenne (le blé, la vigne et l’olivier) puis, à partir du XIXe siècle, la cueillette de fleurs associée au développement de l’industrie des parfums à Grasse. Or, à la Belle Époque, ces migrations transfrontalières évoluent avec le développement touristique de la Côte d’Azur qui va de pair avec l’urbanisation du littoral. Les activités des migrants se diversifient et leur installation en France tend à devenir définitive pour un nombre croissant d’entre eux. Cette situation permet d’interroger la naissance d’une classe moyenne au sein de la communauté italienne de Cannes au début du XXe siècle.